Comment la fake news de Vincent Flibustier sur CrowdStrike est devenue virale ?

Comment la fake news de Vincent Flibustier sur CrowdStrike est devenue virale ?

Le 19 juillet 2024, une mise à jour défectueuse du logiciel de sécurité de CrowdStrike a provoqué le crash de 8,5 millions d’ordinateurs sous Windows. Cela a entraîné la plus grande panne informatique de l’histoire. Cette coupure a touché divers secteurs à l’échelle mondiale, perturbant surtout les compagnies aériennes, les banques, les hôpitaux et les services gouvernementaux. Le préjudice financier est estimé à au moins 10 milliards de dollars.

D’après Cirium, qui se présente comme « la source la plus fiable au monde en matière d’analyse aéronautique », 5 078 vols, soit 4,6 % des vols programmés ce jour-là, ont été annulés à l’échelle mondiale.

 

Mais c’était quoi le bug en fait ?

Rapidement, sans rentrer dans les détails trop techniques, la mise à jour de CrowdStrike a entraîné l’entrée des ordinateurs dans une boucle de redémarrage. L’erreur a été identifiée en quelques heures et un correctif a été déployé, mais celui-ci est assez complexe à réaliser pour une personne dont ce n’est pas le métier.

Un utilisateur Windows subissant le problème CrowdStrike

Un sentiment de panique généralisé

Tout cela a engendré un climat de panique en ligne, avec des entreprises et des employés incapables d’accéder à leurs outils de travail. A titre de comparaison en seulement 24 heures, on a compté 2,3 millions de conversations, soit un peu moins que le nombre de discussions qu’il y a eu en une semaine autour des JO de Paris 2024, qui s’élève à 2,8 millions.

Mentions CrowdStrike & Paris 2024

Dans ce contexte, Vincent Flibustier tweete une fake news ajoutant au chaos

L’absence de communication claire a exacerbé les tensions, ajoutant à la confusion générale et à la sensation de chaos numérique. Et c’est sur cette situation que Vincent Flibustier, formateur en citoyenneté numérique et spécialiste en « fake news », a réussi à surfer. Avec son photo montage, il a fait croire que c’était son premier jour chez CrowdStrike et qu’il venait de faire une mise à jour avant de prendre son après-midi.

Sur X, les internautes ont spéculé sur les causes de ce bug

Dans ce climat de panique totale, mêlant manque d’information, tension et blague, sa fake news s’est propagée rapidement sur X, notamment auprès des internautes peu suivis / non influenceurs. Seuls deux comptes avec plus d’abonnés qui lui (300K et 200K) ont relayé son post, ce qui ne peut justifier à lui seul l’ampleur de l’écho en ligne.

Lui-même donne plusieurs raisons expliquant pourquoi cela a fonctionné :

  1. Aucun coupable n’a encore été désigné.
  2. Le coupable apparent est perçu comme « idiot ».
  3. Les gens ont besoin d’informations inédites.
  4. La fake news est écrite en anglais pour une plus large diffusion, et surtout c’est une communauté qui ne sait pas qui il est.
  5. Détournement de l’attention avec les doigts de nain, ce qui fait qu’on se concentre moins sur le mauvais déroutage.
  6. Le biais de confirmation : « L’information me plaît, elle est donc vraie ».
  7. La fake news est poussée par une communauté qui sait que c’est une blague.

Et c’est certainement le fait d’avoir communiqué en anglais qui a contribué à faire de cette publication un véritable buzz. En effet, les mentions émises depuis les États-Unis représentent plus de la moitié des conversations sur le sujet, suivis par les mentions émises depuis la Turquie et le Japon.

Part des mentions sur CrowdStrike
Part des mentions sur la publciation de Vincent Flibustier

On retrouve une audience similaire chez les internautes ayant relayé le tweet de Vincent Flibustier par citations ou retweet. Près de la moitié proviennent des États-Unis, suivis du Japon, puis de la France, sa communauté.

Quid de la réaction de CrowdStrike ?

À la suite de cet évènement, l’entreprise a cherché à être la plus transparente possible sur ce qui est arrivé en publiant un long rapport détaillant ce qui a mal tourné et pourquoi. Elle s’est engagée à améliorer ses méthodes de test pour éviter de futures erreurs et offre. Ce rapport est mis en avant en haut de leur site, accompagné d’un message d’excuse du CEO de CrowdStrike, George Kurtz.

En revanche, il n’est pas certain qu’il ait été judicieux de mettre en avant les bons d’achat de 10 dollars de crédits Uber Eats offerts aux employés pour le « travail supplémentaire » fourni pour aider les clients de CrowdStrike. D’autant plus que certains de ces bons d’achat étaient invalides…

La gestion de crise de CrowdStrike souligne l’importance de la réactivité en ligne. C’est ainsi que chez Digital Insighters nous décryptons les événements marquants, en remontant les origines de l’événement en ligne pour mieux en comprendre les mécaniques, afin de pouvoir réagir en adéquation.

L’importance des signaux faibles dans vos stratégies de Social Listening. Illustration avec la dernière campagne Calvin Klein.

L’importance des signaux faibles dans vos stratégies de Social Listening. Illustration avec la dernière campagne Calvin Klein.

Soutenir les minorités au-delà de leur représentation, la dernière campagne Calvin Klein, pour la fête des Mères, voit les premiers signaux faibles autour de demandes d’implication plus concrètes pour la communauté LGBT +.

Le 12 mai  dernier, Calvin Klein  publie  sur  Instagram  sa  nouvelle  campagne avec  pour  objectif  de  célébrer  les  mères et les familles, sous toutes leurs formes. Il s’agissait en l’occurrence d’un post avec plusieurs photos représentant différentes mères. La quatrième photo est un portrait de @roberto_bete, homme transgenre enceint et sa partenaire @erikafeeh.

Cette campagne inclusive, globalement saluée par les fans de la marque et la communauté LGBT+, a cependant généré des critiques au sein de communautés conservatrices. On a pu voir des appels au boycott, des discours pro-life et anti-mariage pour tous ainsi que des insultes transphobes notamment. Ces attaques ont largement concentré l’attention des médias avec plusieurs articles revenant sur la controverse suscitée, les enjeux de la campagne et la réaction de Calvin Klein aux commentaires virulents.

Calvin Klein trangenre homme enceint enceinte LGBT +

“We embrace this platform as an inclusive and respectful environment for individualism and self-expression. At Calvin Klein, we tolerate everything except intolerance— any intolerant commentary will be removed, and any accounts issuing hateful statements may be blocked. We look forward to continuing a positive and inclusive dialogue in partnership with our community.”

Calvin Klein Officiel

Si la marque a très vite réagi en défendant la liberté et l’inclusion, elle ne semble pas avoir adressé les critiques dénonçant un positionnement jugé contradictoire. Alors que depuis plusieurs années, elle travaille sur le sujet de l’inclusivité (beaucoup à travers ses campagnes) il semble qu’elle soit mise au défi de démontrer la candeur et la sincérité de son engagement.

Une levée de boucliers en petit nombre… mais amplifiée par les médias

Nombreux sont les articles à avoir partagé les appels au boycott et les remarques transphobes. En effet, la photo du couple a très vite suscité des réactions virulentes de la part de l’audience, mais aussi de certains médias ou personnalité influents.es, notamment aux États-Unis. Nous avons pu voir des réactions de Nick Adams, Steven Crowder, Breitbart ou Fox News. Ce dernier a d’ailleurs utilisé la campagne comme arguments sarcastiques lors de leurs revues politiques et plus particulièrement le sujet des pénuries de formules pour bébés.

Au global, un impact très positif pour Calvin Klein.

Un faible volume pour une forte visibilité

Le volume de mention autour de la campagne, attaques transphobes comprises, ne représente que 0.3% du volume total autour de la marque sur les 13 derniers mois et 1.5% du volume de la marque sur le mois de mai. En comparaison, sur l’année, la collaboration avec Black Pink a largement plus fait parler (près de 72% plus).

 

Néanmoins, la reprise par des médias mainstream influents en font un sujet viral qui a touché une large population, rendant le sujet très visible, relançant des débats et des réflexions de fond.

Calvin Klein Evolution Graph LGBT +

En effet, la majeure partie des articles relatant les faits se sont placés en soutien de la campagne, en saluant l’initiative. On note plus particulièrement l’interview de Dr. D Ojeda, (senior national organizer at the National Center for Transgender Equality) qui salue l’initiative de Calvin Klein, remerciant la marque de rendre visible la possibilité de créer une famille pour la communauté Trans et ainsi de soulever la question du système de santé.

« What Calvin Klein is doing is amazing, » they continue, explaining that a lot of trans people out there really do want to start a family but seldom feel empowered to do so — something they hope the ad can help change. « It’s going to have a lot of positive impact, especially for health care and when it comes to reproductive services. »
Dr. D Ojeda

La communauté LGBT+ visible et engagée

Nous observons également des réactions plus ambivalentes soulignant certains questionnements de la part du public indiquant que Calvin Klein semble avoir réussi à amener un sujet tabou sur la table en générant certes du débat, mais aussi en apportant de la visibilité et une plateforme d’expression pour la communauté qui lui en est reconnaissante.

En outre, la cible de Calvin Klein a elle majoritairement exprimé un fort enthousiasme autour de la campagne. Les données accessibles nous permettent de voir que la campagne a engagé plus fortement les personnes indiquant leur expression de genre comme non-binaires.

Calvin Klein repartition graph non binaire LGBT +

Aussi, les commentaires au post Instagram et les partages sur Twitter sont majoritairement positifs. On observe de nombreux émojis positifs exprimant la gratitude, les applaudissements, des cœurs, montrant que la communauté LGBT+ (ici plus particulièrement Trans) apprécie fortement l’initiative.

Calvin Klein nuage de mots clés LGBT +

La majeure partie de la communauté salue l’initiative, remerciant la marque d’offrir un plus large éventail de représentation, ce qui en fait une vraie réussite pour la marque à quelques semaines du Pride Month.

Tout ceci nous dit deux choses sur la réussite pour Calvin Klein

La première, que les attaques viennent majoritairement de communautés que la marque ne cible pas et ne souhaite pas cibler, au vu du positionnement de ses campagnes.

La seconde, que l’objectif d’engager et de fédérer la communauté LGBT + est atteint et a permis aussi de donner de la visibilité à des questions fondamentales pour la communauté dans les débats mainstreams.

Des signaux faibles à ne pas négliger.

Quand nous nous penchons dans le détail des commentaires, nous observons certains signaux faibles. Quelques commentaires, venant eux de la communauté LGBT+, à minima d’internautes LGBT+ friendly, pointent du doigt des contradictions entre les valeurs affichées de Calvin Klein et ses actions en tant que marque, sous-entendant que la marque fait du Pinkwashing.

Nous observons donc 3 catégories majeures de critiques

1. Le manque d’engagement poussé pour les droits LGBTQIA+

“Hello @calvinklein can you please provide your statement on why you manufacture your items in countries without LGBTQ rights? But you sell to countries with those rights, also right of free speech, yet you feel entitled to block those whom do not agree with these ideals. Never again. Throwing the ONE item of yours I own, in the TRASH where it belongs.”
Instagram comment

“Meanwhile your clothing and products are made in countries where people in the LGBTQ community would be punished or killed by the laws they uphold. This is Nothing more than virtue signaling and furthering an already horrific divide in our country.”
Instagram comment

2.  Le manque d’éthique relatif au droit du travail et à l’exploitation de la main-d’œuvre

“On further inspection, the company’s manufacturing is, in part, in countries where it’s illegal to be LGBT+ – like Sri Lanka, Tunisia and Bangladesh – instead of taking a stance with LGBT+ rights and halting production in those places.”

metro.co.uk Ugla Stefanía Kristjönudóttir Jónsdóttir

“What about the mothers making your clothes in sweatshops?”
Instagram Comment

“Remember when Calvin Klein was a luxury brand associated with quality. Now your slave made clothes are passed over in Ross dress for less! Definitely delivering the less!”
Instagram Comment

“We knew this brand was twisted when they were linked to Uyghur slave labor.”
Instagram Comment

“Y’all talk about tolerance while your clothes are made by slave labor. I’m uncomfy haha”
Instagram comment

3. Utilisation de la communauté pour son profit sans réellement s’investir pour la communauté de façon concrète et suivie.

“Does the lgbtq community enjoy being a marketing tool to attempt to make corporations richer, when ordinary folk just aren’t interested in this and will stop buying their products? I doubt they will be publishing this advert in the Middle East.”

Instagram comment

“Big companies don’t really care about lgbtq… It’s just marketing.”
Instagram comment

“Upon a quick search on Calvin Klein’s website, the first thing you have to choose is whether you are looking for clothing for ‘women’ or ‘men’, which doesn’t quite seem in tune with the diversity and inclusivity they claim to represent. […] they must also recognise that gendered clothing continues to enforce stereotypes”
metro.co.uk Ugla Stefanía Kristjönudóttir Jónsdóttir

À noter également que la marque s’est faite « épinglée » l’année dernière pour son hashtag #Prideinmycalvin, jugé comme une façon de faire de la pub de manière opportuniste. La marque a pris soin de ne pas utiliser de hashtag « floqué » cette année. Toutefois, début juin, pour célébrer le Pride Month, elle lance une campagne autour de la Famille choisie « This is Love » avec une collection de vêtements et sous-vêtements dédiés. En 2019, elle avait aussi été attaquée pour pinkwashing et mésappropriation de la culture LGBT+ pour sa campagne avec Bella Hadid et l’influenceuse virtuelle Lil Miquella.

calvin klein pride-campaign-2020 LGBT +

Il est évident qu’aujourd’hui le travail de représentation des minorités fait débat. Lorsque les campagnes sont saluées, nous observons une expression d’attentes plus profondes de la part des consommateurs.  Des minorités qui se battent depuis plusieurs décennies ne veulent plus avoir à se contenter de représentation qu’elles considèrent comme vide de sens si elles ne sont pas complétées par des actions concrètes et des valeurs affichées. La seule représentation est alors perçue comme une façade marketing.

Les minorités exigent aujourd’hui des marques qu’elles agissent contre les inégalités et discriminations. Elles attendent des marques de ne jamais participer à les renforcer « même indirectement ». Elles veulent voir une réelle déconstruction en profondeur allant de l’image de marque à la chaîne de production.

“So what exactly are they [Calvin Klein] doing beyond an ad campaign? Are their clothing lines reflective of gender diverse people and bodies? Do they have trans-inclusive policies for their staff? Are they supporting LGBT+ charities or trans-specific charities? Are they taking a stand internationally for LGBT+ rights and using their power to influence change?”
metro.co.uk Ugla Stefanía Kristjönudóttir Jónsdóttir

 

“While I always celebrate companies making ads and increasing the visibility of LGBT+ people, I often feel like brands need to do more. They have incredible power and influence, and they can use it to be allies to our community.”

metro.co.uk Ugla Stefanía Kristjönudóttir Jónsdóttir

La communauté afro-américaine, par exemple, interpelle déjà les marques (entre autres) dans ce sens avec les messages : “Put your money where your  mouth  is“  ou  encore  le  mouvement  “Black  dollars  :  buy  black“.

Black owned black dollars

“It’s more important than ever that companies make a stand for trans inclusion, and put their money where their mouth is. Otherwise it will be little but lip service, where they use our community to make themselves look better, without actually supporting the community in a meaningful way.”

metro.co.uk . Ugla Stefanía Kristjönudóttir Jónsdóttir

Aujourd’hui, Calvin Klein est majoritairement saluée pour son initiative. La marque est depuis plusieurs années attachée aux représentations inclusives. Mais nous voyons déjà arriver quelques commentaires pointant des actions allant au-delà de la représentation.

À mesure que notre société évolue, les communautés et les consommateurs de façon plus générale demanderont aux marques de s’engager clairement, ouvertement et concrètement et de travailler à la déconstruction du système fondateur des inégalités. Ces signaux faibles ne sont donc pas anodins et montrent bien que si la représentation est la première étape pour donner de la visibilité positive, pour les consommateurs, elle ne pourra pas être l’unique engagement des marques.

En conclusion, quel impact pour Calvin Klein dans cet exemple ?

Nous l’avons vu, de façon globale, la marque prend position depuis plusieurs années, valorisant des valeurs progressistes. Ses détracteurs, plutôt conservateurs, ne font pas partie de sa cible marketing ni de la majeure partie de ses consommateurs acquis.

De plus, la marque a été majoritairement saluée par les consommateurs à qui elle souhaitait s’adresser, à savoir la communauté LGBT +, et réussie également à sensibiliser et à apporter de la visibiliser à une communauté.

Néanmoins, ces signaux faibles sont des insights forts pour Calvin Klein et pour toute autre marque. Si nous prenons de la hauteur, c’est un discours qui tend à devenir une attente grandissante d’une partie des consommateurs. C’est donc un enseignement précieux pour les marques, des clés de lectures livrées par une partie des consommateurs tout en révélant également une fracture croissante des opinions. Si les marques savent s’en saisir, elles pourront aller plus loin dans l’élaboration de stratégies à la fois porteuse de sens et gagnantes, un équilibre en somme.

Les « succès TikTok » de Duolingo, Ryanair et Scrub Daddy décryptés

Les « succès TikTok » de Duolingo, Ryanair et Scrub Daddy décryptés

Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs chaque mois et une croissance de l’audience moyenne de plus de 140 % par an, TikTok enregistre désormais davantage de visites que Google dans le monde. Créer du contenu pertinent sur cette plateforme devient donc crucial. Mais quel type de contenu TikTok fonctionne réellement ?

TikTok devrait atteindre 1,5 milliard d’utilisateurs actifs par mois en 2022. La plateforme dépassera Youtube à l’échelle publicitaire mondiale d’ici à deux ans, avec la prévision de tripler ses revenus publicitaires mondiaux, à 11,6 milliards de dollars. Il est encore temps de comprendre comment créer du contenu pertinent pour TikTok, afin d’y toucher ses nombreux utilisateurs.

La clé du succès de TikTok réside dans la façon dont l’application séduit ses utilisateurs : la plateforme donne la liberté de s’exprimer et de divertir les autres. La meilleure manière d’émerger sur TikTok, serait de produire du contenu axé sur ces mêmes codes.
Dès 2019, Duolingo a commencé à adopter un ton décalé. La marque se moque avec bienveillance de ses clients et ça marche. L’entreprise réussit à rire avec ses clients et pas aux dépens de ses clients. La différence est subtile, mais fondamentale dans ce type de communication.

La créativité a toujours été la clé du succès : pour Wendy’s, cela ressemblait à des tweets impertinents, y compris envers leurs concurrents (vers 2016-2017). Aujourd’hui, cela s’est transformé en un contenu TikTok tout à fait unique qui a été réutilisé par d’autres marques. C’est ce que l’on appelle la stratégie du contenu « non sens ».
 

Prenons comme exemple Ryanair. La compagnie utilise principalement des images et des séquences de ses avions avec un filtre TikTok conçu pour superposer les traits du visage humain sur n’importe quel arrière-plan. Ce qui donne une sorte de mascotte personnifiée. Un peu comme Duo de Duolingo.

Faire de l’humour est un art complexe, et tout le monde n’a pas le talent de Duolingo ou de Ryanair pour faire rire les gens avec bienveillance afin d’émerger sur TikTok. La stratégie fonctionne, car la marque utilise les mêmes codes que son audience sur la plateforme. Parmi ces codes, nous retrouvons les sons viraux, les interactions dans les commentaires et les mèmes.

Sur TikTok, les publicités qui fonctionnent ne ressemblent pas à des publicités : c’est la clé pour toucher un public qui ne veut pas voir du contenu publicitaire. Par conséquent, les marques doivent trouver une nouvelle façon de s’adresser à leurs audiences et la création de contenu insolite participe à engager.

À l’échelle mondiale, nous constatons dans les données Google Trends que la marque a reçu une légère et régulière augmentation de l’attention en ligne. Avec l’exception d’une baisse pendant les vacances de Noël.

Mais la marque a explosé à la rentrée en reprenant ses blagues en ligne sur TikTok. On voit que la hausse des recherches, après les vacances, a eu lieu suite à la reprise d’activité sur le compte TikTok de Duolingo.
Contenu TikTok Duolingo

En zoomant dans les recherches des 12 derniers mois, on voit que le premier petit pic est apparu la même semaine que l’apparition de la mascotte Duo, le hibou, sur le compte TikTok de la marque.

 

En diffusant des vidéos divertissantes et non commerciales, qui s’adaptent aux codes de la communauté de TikTok, Duolingo a réussi à prendre une place qui ressemble davantage à celle d’un créateur de contenu, qu’à celle d’une marque. C’est cela qui a donné l’idée et l’opportunité à la marque de développer des nouvelles offres : l’apprentissage des mathématiques et même un restaurant.

En effet, lorsque vous visitez le profil de Duolingo vous serez accueilli par la mascotte de la marque, Duo, un grand hibou vert qui passe son temps à réprimander les utilisateurs pour qu’ils aillent réviser leurs leçons, suivre des tendances absurdes, prendre parti dans des clashs de célébrités et attirer l’attention de Dua Lipa.
Le ton utilisé par la mascotte de Duolingo a évolué : d’une voix formelle, la mascotte est passée à un ton beaucoup plus humoristique, voir complètement absurde. Un élément qui inspire même d’autres marques dans leurs contenus. Par exemple, Scrub Daddy (marque d’éponge américaine) a collaboré avec Duolingo dans un TikTok dans lequel les mascottes tombent amoureuses et donnent naissance à des mini-bébés éponge en forme de hibou.

Au cours des derniers mois, nous avons vu comment la personnalité de Duolingo créée pour TikTok a dépassé les frontières de TikTok. Sur YouTube par exemple, le ton décalé s’impose dans les vidéos de la marque. On y voit des parisiennes qui proposent d’apprendre le français pour comprendre ce qu’elles disent aux dépens des étrangers, ou avec un avocat qui menace d’attaquer la mascotte en justice.

Avec cette stratégie singulière, nous pouvons voir le début d’une relation parasociale entre la communauté et la mascotte Duo. En effet, la marque a commencé à construire une communauté qui est engagée avec leur mascotte ou point de créer des comptes de fans, inventer des nouveaux personnages pour son histoire familiale et la « défendre » contre l’équipe légale de la marque.

En conclusion, la popularité de la plateforme a donné lieu à un investissement publicitaire important des marques sur TikTok. À noter que cet investissement publicitaire risque d’échouer si le ton n’est pas bien choisi. La force de Duolingo réside donc dans le fait d’avoir trouvé la nouvelle manière de s’adresser et d’échanger avec les nouvelles générations, toujours plus en demande de contenus décalés et divertissants. Est-ce que les marques investissent assez pour trouver une ligne éditoriale décalée ou compatible avec les codes des communautés TikTok ?

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Etude Instagram : les marques s’installent.

Etude Instagram : les marques s’installent.

Simply Measured a récemment proposé une étude sur l’usage d’Instagram par les 100 premières marques du classement Interbrand (Best Global Brands). Pour mémoire, ce classement regroupe des géants du high-tech tels qu’Apple, Google, Microsoft, mais aussi de l’industrie automobile comme BMW, Mercedes ou encore d’autres secteurs avec la présence d’Ikea, Pampers, Colgate, Nescafe…

L’étude reflète sans surprise la vitalité du réseau social lancé en 2010. Acheté par Facebook en 2012, Instagram possédait alors plus de 100 millions d’utilisateurs. Aujourd’hui, la plateforme compte 300 millions d’utilisateurs actifs mensuels et chaque jour plus de 2.5 milliards de likes et 70 millions de photos mises en ligne. Des statistiques qui attirent prêt de 90% des marques du classement Interbrand. L’étude porte sur plus de 6 000 posts, 129 447 565 likes et 1 414 536 commentaires récoltés au cours du quatrième trimestre 2014 parmi les comptes des marques étudiées.

Instagramstudy

Présence et activité des marques sur Instagram

Des marques toujours plus présentes et actives.

A la fin du 3ème trimestre 2012, 13 des 100 « Best Global Brands » possédait plus de 100 000 followers, elles sont aujourd’hui 42. Ces marques sont également de plus en plus actives. Les ¾ d’entre elles publient au moins une photo par semaine. Ces marques ont donc pleinement adopté Instagram. Cette situation conduit à un cercle de croissance vertueux. Plus les marques sont actives sur le réseau plus elles génèrent de l’engagement. Les utilisateurs deviennent alors de plus en plus à l’aise et familier avec les contenus proposés par ces dernières.

Un réseau social éphémère ?

Malgré un nom qui évoque l’instantanéité, l’étude montre qu’Instagram est un réseau social aux contenus qui s’inscrivent aussi dans la durée. Une occasion pour la plateforme de se distinguer de ces concurrents, Twitter et Snapchat en tête. Les publications les plus performantes sur Instagram ont généralement une durée de vie élevée. Ainsi, les posts proposés par les marques du classement Interbrand récoltent en moyenne 225 commentaires dont 50 % sont posté dans les 10 premières heures. Les postes les plus performants, quant à eux, atteignent 50% de la totalité de leurs commentaires dans les 19 heures qui suivent leurs publications. En naviguant à travers les différents comptes, les utilisateurs sont amenés à remonter le fil des publications et donc d’interagir avec l’historique des publications. Ces données permettent de comprendre comment se construit la valeur des contenus délivrés sur Instagram. Il est important d’envisager des stratégies de contenus n’étant pas uniquement basé sur l’instantanéité pour exister sur la plateforme.

Mettez en valeur l’identité visuelle de votre marque.

L’étude s’intéresse également à la variété des secteurs présents sur le réseau. Si les marques issues de l’industrie des médias sont les plus actives, elles ne génèrent pas plus d’engagement par publications que les marques des autres secteurs. Le rapport de Simply Measured nous apprend également que 100% des « Best Brands » issues de l’industrie automobile possède un compte sur Instagram. Ce pourcentage est aussi élevé pour les marques issues du luxe, de la restauration, du prêt-à-porter, de l’énergie… L’étude démontre que, quel que soit votre secteur ou la perception que vous ayez de votre marque, il ne faut pas hésiter à être présent sur Instagram. En effet, le réseau est suffisamment vaste et actif pour accueillir toutes les marques même si ces dernières n’ont pas de représentation visuelle évidente. Alors que l’image prend de plus en plus de place sur la toile, être présent sur Instagram permet notamment aux marques de travailler leurs représentations.

Compte Instagram de Siemens

Compte de Siemens

Compte Instagram John Deere

Compte de John Deere

 

Compte Instagram de Fedex

Compte de FedEx

Enfin en guise de conclusion, l’étude livre une To-do list pour ceux et celles qui souhaiteraient être présents sur le réseau :

1 – Publié au minimum une fois par semaine.
2 – Trouver son rythme de publication grâce à la pratique et l’expérience.
3 – Ne pas se priver d’une présence sur Instagram car sa marque n’a pas d’identité visuelle évidente.
4 – Attacher plus d’attention à la qualité du texte accompagnant chaque photo que leur longueur.
5 – Utilisé les « @ » le plus possible.
6 – Utilisé les hashtags pour faciliter la découverte de votre compte.
7 – N’hésitez pas à expérimenter la géolocalisation qui est encore sous exploité.

 

L’étude est accessible sur le blog de Simply Measured.