Quand le streaming devient un outil de communication pour les politiques français

Quand le streaming devient un outil de communication pour les politiques français

Lancé en juin 2023 par le streamer Medja, le « DVM Show » sur Twitch a connu un succès croissant. Le DVM Show est une émission consacrée au rap et aux cultures urbaines, à l’image de Planète rap sur Skyrock. On a pu y voir des artistes comme Aya Nakamura, Kery James, Rohff, Hamza, Kaaris, Zola, ou Koba LaD. Le 12 février dernier, c’est Rachida Dati, fraichement nommée Ministre de la Culture, qui est l’invitée surprise du stream du jour, aux côtés de Tayc et Dadju, dans le studio d’Aulnay-sous-Bois.

Rachida Dati n’a pas caché son enthousiasme à participer à l’émission qui « valorise la culture populaire, une culture qui parle à toute une génération ».

La ministre en a profité pour inviter l’équipe du DVM show pour « venir faire un DVM » au sein du Ministère de la Culture « vous venez avec vos manettes« . L’invitation est lancée, elle ajoute « un ministère de la culture sans bruit, ce n’est pas un ministère de la culture« . Affaire à suivre donc.

 La chaîne Twitch DVM Medja compte 344K followers. Le stream du 12 janvier, qui a duré plus de 2h, a réuni un pic de 36K spectateurs.

Nous l’avions déjà constaté lors des Présidentielles 2022, Twitch est une plateforme hébergeant des contenus qui touchent un public de plus en plus large. On y voit ainsi de plus en plus de personnalités de la sphère politique y faire des apparitions. Les créateurs de contenu sur Twitch proposent des contenus novateurs et différenciants, qui les rend de plus en plus attractifs pour les directions de la communication. 

Pic de spectateurs

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

Après avoir été exposés aux vidéos « girl dinner » dans votre timeline TikTok, vous avez certainement vu des vidéos « girl math » : une méthode de calcul pour justifier des achats importants ou superflus. Explications.

Les principes de calculs expliqués dans les vidéos “girl math” peuvent paraître farfelus.

 

Ils combinent des logiques pour démontrer que certaines dépenses peuvent être considérées comme gratuites, par exemple

  • Un achat de mois de 5 € est « pratiquement gratuit ».
  • Un achat fait avec un billet retrouvé par hasard au fond d’un sac est « techniquement gratuit », puisque qu’il n’y a aucune écriture sur le compte courant.
  • Une dépense faite avec des cartes prépayées est gratuite, pour la même raison que précédemment.

En théorie.

Ces logiques reposent sur 3 principes économiques :

  • Le « coût par usage » (coût réel d’un article en fonction aux fois qu’il sera utilisé) qui est un des éléments clés à considérer dans le choix d’un achat.
  • Les « coûts irrécupérables » (payés définitivement, non remboursables, ni récupérables) qui peuvent nous pousser à poursuivre des décisions qui ne pouvaient être rentables.
  • Le « coût prospectif » (lié aux gains ou pertes que peuvent être modifiés si une mesure préventive est prise) qui pourrait être utilisé soit pour justifier des dépenses excessives, soit pour faire des économies

Des contenus destinés à se moquer du stéréotype patriarcal.

 

Ces méthodes de calculs expliquées en vidéo avec des exemples sont une façon de dénoncer le stéréotype patriarcal selon lequel on ne peut pas faire confiance à une femme pour gérer un portefeuille, puisqu’elles inventent des calculs irrationnels. La plupart des créatrices de contenus usent du second degré, et ne se prennent pas au sérieux. C’est leur façon de dénoncer le sexisme sur ce sujet de la gestion du porte-monnaie.

Ce décalage peut ne pas être compris, et renforcer ainsi les stéréotypes misogynes lorsque les vidéos sont visionnées sans avoir connaissance du contexte. Évidemment, ces contenus pris au pied de la lettre peuvent déstabiliser ou indigner, mais il n’y a pas matière à s’alarmer selon Dan Egan, vice-président de la finance comportementale et des investissements chez Betterment.

D’après lui, dans la réalité, les vidéos « Girl Math » représentent le type de comptabilité mentale que beaucoup de gens font (y compris les hommes) pour compartimenter ses décisions financières.

L’intérêt autour des termes « Girl math » sur Google (Monde)

Tendance de recherche des termes "Girl Math" sur Google

L’intérêt autour du hashtag #GirlMath sur TikTok (Monde)

#GirlMath tendance sur TikTok

« Girl Math » nous aide à nous libérer de la culpabilité liée à nos dépenses…

 

Ces créatrices de contenus ont une formule qui marche. En pointant du doigt les achats irrationnels et spontanés avec une ironie qui permet de dédramatiser, la crainte du jugement d’irresponsabilité budgétaire est levée. Cet humour léger sur l’introspection face aux hésitations et considérations de l’acte d’achat pourrait s’étendre à d’autres moments de consommation.

La nourriture médiévale s’invite à la table de la Gen Z

La nourriture médiévale s’invite à la table de la Gen Z

Les dernières tendances semblent n’être qu’un revival d’époques passées, mais les internautes n’avaient sans doute pas prévu un tel bond dans le temps. Pourtant, l’esthétique moyenâgeuse semble faire son grand retour. On retrouve ses inspirations dans la mode et la décoration d’intérieur. La nourriture médiévale s’invite désormais à notre table …

(suite…)

Quels seraient les plans derrière le re-branding de Twitter sous X ?

Quels seraient les plans derrière le re-branding de Twitter sous X ?

Le changement, perçu comme soudain, de nom et d’identité de Twitter pour passer à X a provoqué une vague de questionnements sur les raisons qui poussent le CEO, Elon Musk, et ses dirigeants à prendre cette décision. Quand certains jugent la nouvelle identité, d’autres spéculent sur les ambitions qui se cachent derrière ce changement drastique.

 

Twitter devient X, Elon Musk affirme l’ambition de créer un marché en ligne mondial.

Elon Musk a officiellement rebrandé son entreprise Twitter en X la semaine dernière. Le PDG de Twitter a déclaré que la nouvelle application X sera « axée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/banques – créant ainsi un marché mondial pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Alimenté par l’intelligence artificielle, X nous connectera tous de manière que nous commençons à peine à imaginer. »

La déclaration reste vaste et vague car seul le logo a changé.

 

Il y a 3 hypothèses d’ambitions derrière ce re-branding de Twitter.

L’ambition : créer une « everything app »

La première repose sur des déclarations précédentes d’Elon Musk. En Octobre 2022, il a déjà parlé de créer une « application tout-en-un » similaire aux super applications chinoises WeChat ou AliPay qui combinent les réseaux sociaux, les transactions financières, les achats en ligne, et bien plus encore.

Hypothèse : Twitter a récemment restreint l’accès gratuit à son API, serait-ce pour empêcher les autres IA d’entraîner leurs modèles sur de la data Twitter ?

D’après Tech Crunch, l’entreprise a récemment restreint l’accès gratuit à son API et a mis en place d’autres restrictions pour empêcher les entreprises d’intelligence artificielle d’entraîner facilement leurs modèles sur de la data Twitter.

X (Twitter) pourrait développer des modèles d’IA avec ses propres données.

Enfin, certains spéculent que Twitter pourrait avoir l’intention de développer en interne des modèles d’IA avec ses propres données, et de créer des applications commerciales similaires à BloombergGPT.

L’accueil du nouveau nom de Twitter est mitigé, et le trafic mondial sur la plateforme se contracte.

Quoiqu’il en soit, face à ce nouveau nom, l’accueil des utilisateurs de la plateforme est mitigé, comme l’indique la teneur des publications à propos de ce changement de nom.
 

Déjà, cela fait plusieurs mois que le traffic de Twitter plonge.

 

Ces éléments confirment les conclusions de l’étude de Pew Research Center en mars 2023, selon laquelle 60% d’américains qui ont utilisé Twitter déclarent avoir fait une pause sur la plateforme pendant plusieurs semaines entre mars 2022 et mars 2023.

Et en France ?

La recherche d’alternative est clairement visible dans les conversations en ligne sur ce sujet : Mastodon, Bluesky, pour ne citer qu’eux, n’ont pas convaincu ni trouvé leur audience. Le basculement ou la potentielle désertion de Twitter n’est pas encore en cours dans l’Hexagone. D’ailleurs, certaines communautés accueillent à bras ouvert les évolutions de X (Twitter).

L’alternative la plus probable est Threads. Elle est régulièrement évoquée,  mais toujours non disponible en France ni dans l’Union Européenne à l’heure où nous écrivons ces lignes. Meta devra travailler sur une version européenne qui respecte le Règlement européen sur la protection des données (RGPD).

Le MermaidCore porteur des sujets sociétaux ?

Le MermaidCore porteur des sujets sociétaux ?

Le mythe de la sirène semble avoir cette capacité à encapsuler les nouveaux mouvements sociétaux forts. La sirène représente tantôt une forme d’innocence et de bienveillance, tantôt, elle incarne l’archétype de l’ennemi, de la tentation. Mais elle est également un rêve de symbiose et de réconciliation entre deux mondes. Le Mermaidcore existe depuis longtemps, nous le verrons, mais la tendance navigue en eau profonde et revient de façon cyclique. Le live action de Disney a été le déclencheur de son retour ces derniers mois, révélant plusieurs facettes. Dans un premier temps, nous reviendrons sur l’origine de la Sirène et l’évolution de sa symbolique dans le temps. Puis, nous nous pencherons sur le décryptage du cru Mermaidcore 2023, pour comprendre en quoi il incarne plusieurs sujets sociétaux à la fois. Enfin, nous verrons pourquoi il paraît en réalité assez logique que la sirène revienne dans un monde actuellement en crise.

Origine des sirènes, un symbole mouvant entre démon et ange.

Dans cet article, nous faisons référence aux êtres mi-femme, mi-poisson qui viennent de la mythologie nordique et sont appelées Mermaid en anglais.

Les sirènes ont peuplé de nombreuses légendes et contes depuis des siècles dans le monde entier. Elles ont longtemps été perçues comme des créatures maléfiques (réputées sans âme), parfois monstrueuses. Les sorcières des mers, tentatrices, séductrices, faisant ainsi sombrer navires et marins. Avec le conte d’Andersen, elles incarnent l’archétype de l’amoureuse, en devenant des êtres romantiques, femme-enfant, naïves et touchantes, à la recherche du grand amour.

Aujourd’hui, l’archétype de la sirène appartient au monde de l’enfance. Sa représentation universelle contemporaine est celle donnée par Disney, jeune femme romantique dans un univers merveilleux. Car si Andersen est le premier à avoir introduit un imaginaire bienveillant autour de la sirène, la morale du conte est loin du « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » raconté par le film d’animation.

Les sirènes sont présentes depuis longtemps dans l’univers du divertissement. La génération 80/90 se souviendra notamment de Splash, comédie romantique avec Daryl Hannah et Tom Hanks en 1984 proposant une version moderne de la petite sirène (sortie avant le Disney 1989).

Néanmoins, la culture populaire a toujours pris plaisir à jouer du mythe. On retrouve ainsi des interprétations variées dans des séries et des films fantastiques.

Généralement bienveillantes et colorées (Hook, Aquamarine, Bedtimestories), certaines représentations s’amusent à revenir à l’être aquatique, manipulateur, terrifiant, parfois dangereux (les séries Wednesday et Sirène sur Netflix ou dans Harry Potter).

D’autres s’emparent du fantastique et leur donnent des pouvoirs magiques (H2O Just Add Water, Charmed circa 2000) ou des versions futuristes comme les sirènes de Dark Angel qui sont des êtres génétiquement modifiés.

À ce stade, les interprétations varient plus ou moins, mais sont rarement porteuses de messages clairement affichés, bien que souvent le discours sous-jacent de la sirène soit la rencontre entre deux mondes. Récemment, des films ont utilisé des références plus éloignées, mais connexes aux sirènes, pour passer des messages plus engagés pour l’environnement ou l’inclusion : Aquaman, Avatar The Way Of Water, The Shape of Water de Guillermo Del Toro.

Dans un monde multi-crise, La sirène comme symbole multi-facette.

Le territoire de la sirène est en réalité déjà animé par certaines minorités. Son esthétisme fait écho à l’esthétisme Camp (voir ci-dessous), préempté par la communauté queer, qui partage un message d’inclusion. En parallèle, le mythe de la sirène fait écho à un besoin de réconfort en explorant un imaginaire innocent et enfantin, en faisant une sorte de valeur refuge dans un contexte incertain.

Mais il incarne de plus en plus un symbole fort des enjeux climatiques, les univers connexes aux sirènes portant déjà des revendications climatiques. À l’instar de ses imaginaires variés, la sirène commence à jouer un rôle d’ambassadrice aux multiples visages. 

Ainsi, en une représentation, une symbolique, on retrouve une question très actuelle de notre société : comment affronter ensemble une crise qui semble insurmontable et garder l’espoir qu’un monde meilleur est possible ?

Les sirènes, d’égéries Camp à valeur refuge.

Le live action de Disney met aujourd’hui en lumière un symbole d’inclusion et de représentation qui a, en réalité, été depuis longtemps récupérer par les minorités. Et le tout récent documentaire Netflix MerPeople le montre bien à travers sa mise en lumière du Mermaiding*.

Le documentaire Netflix montre que l’activité de Mermaiding a largement été préemptée par la communauté queer et emprunte des codes Camp & Drag, à l’image des « Maisons de Drag Queen ». Une « drag house » dans la culture drag désigne un groupe ou une famille de drag queens  qui travaillent ensemble et se soutiennent mutuellement. Elle est généralement dirigée par une « mère » qui est une figure respectée et expérimentée de la scène drag. On retrouve des « Maisons de sirènes » dirigées par des Mermaid queens, organisées en pods** (VS les houses). Les costumes, les noms de scène, la performance et la compétition sont aussi très présents. Ainsi le Mermaiding accueille des sirènes de tous horizons : sexualités, origines culturelles et sociales, corpulences, tout le monde peut faire partie du mouvement et exprimer son art à travers son costume et sa performance. C’est un « safespace » supplémentaire.

Le Camp est une esthétique de la communauté queer. Il est essentiellement basé sur l’ironie, l’humour et la théâtralité. Le mythe de la sirène rentre facilement dans ces différents piliers, notamment sous sa forme pailletée et performative. De plus, le retour de la tendance bling ne peut que favoriser la montée du Mermaidcore qui s’y adapte à la perfection. En effet, dans un contexte sociétal tendu, on sent des envies d’école buissonnière, abandonnant la sobriété pour le clinquant et l’extravagance. Les collections croisière 2023 traduisent bien la combinaison des deux tendances. Sans compter l’arrivée du très attendu film Barbie en juillet prochain qui va certainement réveiller le BarbieCore, or quoi de mieux qu’une fusion des deux univers ?

Par ailleurs, il est important de mentionner le Transgender Youth Network MermAids en Angleterre, un organisme soutenant les jeunes transexuels ou fluides qui ont récemment repris le symbole de la sirène pour représenter l’organisation. Ils y trouvent une belle allégorie à la capacité de se transformer, mais aussi l’absence d’organes sexuels clairs et définis.

La sirène, c’est aussi une envie d’évasion dans un autre monde, dans un ailleurs meilleur, plus doux et féerique, un monde où tout est possible.

La valeur refuge repose sur l’évasion et le réconfort qui est offert par l’univers lui-même. Il y a quelques années, le merchandising « mermaid cocooning » avait débarqué avec notamment les « tail covers », l’équivalent sirène des combinaisons de licornes.

La sirène, c’est aussi de la nostalgie, le réconfort du « c’était mieux avant », un retour aux années 80, désormais vues comme des décennies d’insouciance et de légèreté, une époque où l’on portait des barrettes papillon pailletées, des sequins et où les mannequins souriaient et dansaient sur les podiums.

Les sirènes, un symbole à venir des enjeux climatiques marins ?

 

Les univers aquatiques au sein du divertissement  (tels que Aquaman ou le récent Avatar, The Way Of Water) ont tous été porteurs de messages environnementaux sur les années récentes. Ces derniers témoignent d’une fascination et d’un intérêt grandissants pour le spectacle féérique que représentent l’océan et l’envie de le préserver.

 

La participation de Netflix dans la mise en avant d’une communauté ou d’un centre d’intérêt joue un rôle important (à l’image de la série « Drive to Survive pour la F1). Netflix participe à la sensibilisation de ces enjeux à travers de plus en plus de documentaires, comme : Mission Bleue, Seaspiracy ou encore Chasing Coral. 

La tendance MermaidCore… So what pour les marques ?

Bien que la résurgence du mythe de la sirène soit intéressant à intégrer dans une stratégie de contenu, elle abrite également des sujets de fonds (archétype de la jeune femme amoureuse, de la réunion de 2 mondes, symbole d’inclusivité et de causes environnementales…)

Dès lors, il semble nécessaire pour les marques d’aller au-delà de la simple exploitation de l’engouement pour l’environnement aquatique et les mythes associés.

En explorant ce centre d’intérêt dans les données social media, il est intéressant de noter deux points concernant le mermaiding :

  • Tout d’abord, il existe des similarités démographiques et d’intérêt entre le public du free diving et le public discutant des sirènes.

  • Deuxièmement, environ 6,5 % ou plus des personnes évoquant le free diving dans le monde manifestent un intérêt pour la cause climatique.

Pour aller plus loin…

 

… et réellement comprendre les enjeux derrière l’utilisation du mythe, l’Audience Insights et les études  « Cultural Insights » sont un bon moyen pour appréhender la culture du Mermaiding et transformer cette connaissance en des actions concrètes à mettre en œuvre, en évitant le piège des campagnes perçues comme opportunistes (on pense notamment à Levis) et en adressant l’opportunité de connecter avec vos audiences de manière concrète, peut-être parfois de manière plus discrète, mais qui construiront une réputation solide pour la marque (on pense notamment au tapis de prière adidas).

 

*Mermaiding : littéralement faire la sirène. Art performatif réalisé sous l’eau en costume de sirène qui peut être réalisé en amateur ou de façon professionnelle.

**Pod : terme anglais pour banc on parle notamment de pod en anglais pour parler des bancs de mamiphères aquatiques comme le dauphin ou encore les orques.