Quand tout bascule : étude du cas Balenciaga sur la gestion de crise en ligne

Quand tout bascule : étude du cas Balenciaga sur la gestion de crise en ligne

Dans l’ère digitale actuelle, la réputation en ligne d’une marque peut être son atout le plus précieux ou sa vulnérabilité la plus exposée. La rapidité avec laquelle l’information circule sur les réseaux sociaux signifie que chaque entreprise est susceptible de faire face à une crise de réputation en ligne sans pouvoir faire preuve de réactivité suffisante. Dans cet article, nous ferons l’autopsie d’une crise réputationnelle d’envergure qui a marqué au fer rouge la marque Balenciaga. Puis nous en tirerons les enseignements clés en gestion de crise : quels sont les outils et les dispositifs pour se préparer à faire face au mieux à une crise réputationnelle ?

Autopsie d’une crise : d’un signal faible à une crise majeure pour Balenciaga

Le 14 novembre 2022, Balenciaga quitte Twitter après le rachat du réseau social par Elon Musk.

Six jours plus tard, le 20 novembre, une internaute s’interroge sur la présence d’enfants jouant avec des peluches habillées en tenues bondage. Les premiers commentaires, constitutifs d’un signal faible, présentaient déjà un caractère crisogène, de part la nature du débat. La marque jouait depuis longtemps avec un marketing « controversé » et avait déjà subi les effets d’une crise de moindre ampleur suite à la sortie de ses sneakers de SDF.

Le point d’infection de cette crise commence à ce moment là. Pendant 24h, les internautes ont passé au peigne fin les précédentes campagnes de Balenciaga. La crise de réputation se dessinait.

 

 

 

 
 
 
 
Timeline de la crise Balenciaga en novembre 2022. Crise de réputation, Gestion de crise. Analyse.

Et ils ont trouvé des éléments troublants : le 21 novembre, des documents à propos de pornographie infantile trouvés dans des shoots de leur campagne en collaboration avec Adidas ont été partagés. L’effet boule de neige a continué. Le 23 de novembre, le livre de l’artiste controversé, Michael Borreman, a été identifié sur une autre campagne de la marque. Face au scandale grandissant, Kim Kardashian a pris la parole le 28 novembre pour dire qu’elle allait réévaluer sa relation avec la marque suite aux fortes critiques de ses fans.

Face au scandale, Balenciaga publie un communiqué dans ses stories Instagram et supprime ses posts le 28 novembre.

Le 2 décembre, Demna, le DA de la marque, publie ses excuses sur son Instagram.

Mais lorsqu’un sujet aussi sérieux que la maltraitance sur mineurs est évoquée, les réactions du grand public sont forcément à la mesure. Par conséquent, ce n’est pas surprenant que les internautes aient considéré les réponses des médias, des personnalités publiques et de la marque comme insuffisantes.

Cette crise Balenciaga a fait perdre perdre 55,2 K followers au compte Instagram de la marque en une seule journée, alors que la tendance de recrutement était à la hausse. La performance business de Balenciaga a subi l’indignation du public comme le révélait les résultats Q4 2022 du rapport de Kering.

Un an plus tard, les conséquences se font encore ressentir puisque les répercussions du scandale publicitaire Balenciaga se sont étendues bien au-delà de la controverse initiale. La participation de Demna, le DA de la marque, a certains awards a été annulée et des devantures de magasins ont été dégradées. Une partie du public réclame à la marque un investissement dans des actions de défense des droits des enfants. La marque n’a pas réussi à revenir au niveau de performance d’avant novembre 2022.

Gestion de crise : quels sont les outils et les dispositifs pour se préparer à faire face au mieux à une crise réputationnelle ?

 

01. Élaboration d’un plan d’action préventif : un système d’alerte

Anticiper une crise de réputation en ligne implique d’avoir un plan d’action clair en place. Balenciaga aurait pu identifier à l’avance des scénarios potentiels et élaborer des stratégies de communication pour faire face à chaque situation. Il convient donc d’avoir un bon outil de détection des mentions, et de le configurer pour identifier certains éléments déclencheurs. La marque ayant pour habitude de jouer avec le scandale et les controverses, des commentaires au sujet d’enfants associés à du BDSM aurait pu être anticipés au moment de la conception de la campagne, quelques semaines/mois avant son lancement, puisque tous les éléments y étaient dans le visuel de campagne.

02. Comprendre les signaux précurseurs : mise en place d’une veille

Une fois les scénarios potentiels imaginés et les stratégies de communication pour faire face à chaque situation élaborés, un dispositif de veille est essentiel pour l’identification de signaux faibles ou précurseurs à un des scénarios imaginés. Le dispositif de veille a pour objectif la surveillance constante des médias sociaux, des forums, des blogs et des sites d’actualités. C’est le moyen le plus efficace être réactif, et pouvoir réagir avec une stratégie pré-établie.

03. Percevoir les ressentis émotionnels : analyse d’opinion

La compréhension du sentiment en ligne est cruciale pour évaluer l’opinion. Les émotions des internautes peuvent évoluer rapidement, et la capacité de percevoir ces changements est essentielle. Dans le cas de la crise Balenciaga, le tout premier post associant des enfants à la pratique BDSM revêt d’un caractère crisogène important.

04. La crise se dessine, faut-il réagir, et si oui, comment ?

Si la crise frappe, alors il convient de se poser la question de réagir ou non. Car oui, parfois, réagir peut provoquer l’effet Streisand, un phénomène médiatique involontaire. Si la réaction s’impose, alors, l’approche qui consiste à adopter la transparence la plus totale est toujours la meilleure, car le scepticisme du public peut mettre de l’huile sur le feu. Ici, Balenciaga réagit 8 jours après le premier signal faible, mais 8 jours intenses de controverses importantes, à des volumes de conversations inégalés. Demna, lui, s’excuse publiquement 12 jours plus tard. Mais c’est trop tard, la machine médiatique est lancée, et le public s’en souvient encore 1 an après.

Les systèmes d’alerte sont cruciaux pour la gestion proactive de votre réputation, et une stratégie de réaction est aussi nécessaire 

 

Surveiller et mesurer la réputation d’une marque est cruciale pour sa croissance. Il est essentiel d’être outillé et d’avoir les ressources pour être réactif et proactif face aux informations et commentaires préjudiciables.

Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle : tout ce qui est dit ou fait peut finir par être en ligne et y rester. Cela signifie qu’il est possible de détecter rapidement une crise liée à l’image d’une marque, mais qu’il est possible que cela reste et se rappelle aux bons souvenirs du public.

S’il est possible de détecter rapidement une crise en ligne, il ne suffit pas d’avoir des bons outils pour être alerté, il convient de s’y préparer en amont : dessiner les scénarios catastrophe pour paramétrer correctement les outils, et concevoir les stratégies de communication pour y répondre efficacement pour faire retomber le soufflé. La détection précoce des crises potentielles est généralement liée à une approche qualitative du suivi par des analystes experts, qui complète l’approche purement quantitative.

Si votre marque est confrontée à de la gestion de crise provenant des communautés en ligne, vous pouvez nous contacter. Nous proposons un accompagnement expert de vos équipes communication/RP en appliquant l’approche exposée ci-dessus.

Quels seraient les plans derrière le re-branding de Twitter sous X ?

Quels seraient les plans derrière le re-branding de Twitter sous X ?

Le changement, perçu comme soudain, de nom et d’identité de Twitter pour passer à X a provoqué une vague de questionnements sur les raisons qui poussent le CEO, Elon Musk, et ses dirigeants à prendre cette décision. Quand certains jugent la nouvelle identité, d’autres spéculent sur les ambitions qui se cachent derrière ce changement drastique.

 

Twitter devient X, Elon Musk affirme l’ambition de créer un marché en ligne mondial.

Elon Musk a officiellement rebrandé son entreprise Twitter en X la semaine dernière. Le PDG de Twitter a déclaré que la nouvelle application X sera « axée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/banques – créant ainsi un marché mondial pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Alimenté par l’intelligence artificielle, X nous connectera tous de manière que nous commençons à peine à imaginer. »

La déclaration reste vaste et vague car seul le logo a changé.

 

Il y a 3 hypothèses d’ambitions derrière ce re-branding de Twitter.

L’ambition : créer une « everything app »

La première repose sur des déclarations précédentes d’Elon Musk. En Octobre 2022, il a déjà parlé de créer une « application tout-en-un » similaire aux super applications chinoises WeChat ou AliPay qui combinent les réseaux sociaux, les transactions financières, les achats en ligne, et bien plus encore.

Hypothèse : Twitter a récemment restreint l’accès gratuit à son API, serait-ce pour empêcher les autres IA d’entraîner leurs modèles sur de la data Twitter ?

D’après Tech Crunch, l’entreprise a récemment restreint l’accès gratuit à son API et a mis en place d’autres restrictions pour empêcher les entreprises d’intelligence artificielle d’entraîner facilement leurs modèles sur de la data Twitter.

X (Twitter) pourrait développer des modèles d’IA avec ses propres données.

Enfin, certains spéculent que Twitter pourrait avoir l’intention de développer en interne des modèles d’IA avec ses propres données, et de créer des applications commerciales similaires à BloombergGPT.

L’accueil du nouveau nom de Twitter est mitigé, et le trafic mondial sur la plateforme se contracte.

Quoiqu’il en soit, face à ce nouveau nom, l’accueil des utilisateurs de la plateforme est mitigé, comme l’indique la teneur des publications à propos de ce changement de nom.
 

Déjà, cela fait plusieurs mois que le traffic de Twitter plonge.

 

Ces éléments confirment les conclusions de l’étude de Pew Research Center en mars 2023, selon laquelle 60% d’américains qui ont utilisé Twitter déclarent avoir fait une pause sur la plateforme pendant plusieurs semaines entre mars 2022 et mars 2023.

Et en France ?

La recherche d’alternative est clairement visible dans les conversations en ligne sur ce sujet : Mastodon, Bluesky, pour ne citer qu’eux, n’ont pas convaincu ni trouvé leur audience. Le basculement ou la potentielle désertion de Twitter n’est pas encore en cours dans l’Hexagone. D’ailleurs, certaines communautés accueillent à bras ouvert les évolutions de X (Twitter).

L’alternative la plus probable est Threads. Elle est régulièrement évoquée,  mais toujours non disponible en France ni dans l’Union Européenne à l’heure où nous écrivons ces lignes. Meta devra travailler sur une version européenne qui respecte le Règlement européen sur la protection des données (RGPD).

La  hype autour de l’intelligence artificielle a-t-elle atteint son pic ?

La hype autour de l’intelligence artificielle a-t-elle atteint son pic ?

Depuis plusieurs mois, nous avons tous testé les plateformes d’IA après leur mise en service, et le soufflet commence à retomber d’après les premiers indicateurs. La hype est-elle passée ?

Le nombre de visites sur l’application ChatGPT a diminué le mois dernier.

Les « generative AI » semblent être de plus en plus performantes et utilisées à en voir le traitement qu’elles reçoivent dans la presse et les réseaux sociaux. Mais est-ce vraiment le cas ?

Après avoir ralenti sa croissance au cours des trois derniers mois, ChatGPT a enregistré une baisse de 9,7 % de son trafic mondial entre mai et juin, selon Similarweb. Aux États-Unis, la baisse d’un mois sur l’autre était de 10,3 %.

Le nombre de visiteurs uniques sur le site web de ChatGPT a diminué de 5,7 %. Le temps passé par les visiteurs sur le site a également diminué de 8,5 %.

Malgré tout, ChatGPT attire toujours plus de visiteurs que bing.com, le moteur de recherche de Microsoft, ou Character.AI, le deuxième chatbot AI autonome le plus populaire. Le trafic sur Character.AI a baissé de 32 % d’un mois à l’autre.

Par ailleurs, Google Trends indique une baisse du volume de recherche des internautes pour les termes tels que ChatGPT, OpenAI, Generative AI, GPT etc…

Un récent sondage réalisé auprès de 2 000 américains par The Verge a révélé que, malgré l’attention médiatique, moins de 60 % des Américains ont entendu parler de ChatGPT ou l’ont essayé. Les points clés de cette étude concernant la notoriété des Generative AI :

  • L’IA attire l’attention, mais l’utilisation réelle des outils est encore relativement limitée. Beaucoup de gens ont entendu parler d’outils d’IA populaires comme ChatGPT, mais ne les ont pas utilisés.

 

  • Divisions générationnelles : les Millennials et la génération Z sont les principaux utilisateurs d’outils d’IA, tandis que les générations plus âgées en sont moins familières.

 

  • Attentes et impact : malgré une utilisation limitée, les gens ont de grandes attentes quant à l’impact de l’IA sur la société, croyant qu’elle aura un effet significatif par rapport à d’autres technologies récentes comme les véhicules électriques et les NFT.

Ceci étant, l’intérêt pour les IA génératives est plus que toujours présent, malgré la baisse de trafic.

Fait intéressant, selon IOT Analytics, entre le premier trimestre et le deuxième trimestre 2023, le sujet des IA génératives a progressé en volume et en importance, dépassant les sujets RSE et « sustainability » par exemple.

Alors est-ce qu’on parle d’une tendance à la hausse ou à la baisse concernant l’utilisation et l’adoption des IA génératives ?

L’IA générative en est encore à ses débuts.

Le déclin de l’engouement autour de l’IA générative ne signifie pas que l’IA générative est en recul, mais indique simplement une baisse tout à fait habituelle suite à en effet de hype. De nombreuses entreprises intègrent davantage de fonctionnalités d’IA générative dans leurs produits et leurs services existants (comme Canva, Adobe, Dropbox etc…), de nouvelles start-ups travaillent sur des solutions d’IA verticales, des automatisations spécifiques à l’industrie et des outils pour déployer en toute sécurité l’IA générative au sein des organisations.

Dawn Capital a publié une analyse intéressante sur le potentiel des start-ups d’IA générative en Europe, démontrant que nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Comparé à d’autres vagues technologiques, l’IA générative est un domaine où les start-ups européennes ont un potentiel et un rôle à jouer : des modèles de base (open source) jusqu’aux outils et à l’infrastructure des LLM (Language Model Models), en passant par les applications concrètes.

Source : VC café

Gaming : des digital goods aux NFT

Gaming : des digital goods aux NFT

Les NFT suscitent depuis plusieurs mois un fort intérêt. Les digital goods étant particulièrement présents dans le secteur du gaming, les annonces de projets NFT par des éditeurs, connus ou nouveaux, sont de plus en plus nombreuses. Cette industrie, dans laquelle les digital goods sont employés depuis des années, paraît être idéale pour l’intégration des NFT, mais l’est-elle réellement en pratique ?

Entre entreprises pionnières et détracteurs, comment le monde du gaming passe-t-il des digital goods aux NFT ?

Qu’est ce qu’un NFT ?
Un NFT (jeton non-fongible), est un actif numérique qui s’appuie sur la technologie blockchain pour assurer son authenticité, son caractère unique et les droits de propriété associés. Souvent le fruit d’une collaboration; entre un créatif et un spécialiste de la blockchain, les NFT peuvent être considérés comme des œuvres d’art digitales uniques ou comme un moyen de faire partie d’une communauté et d’obtenir des avantages.

Avec un fort pic d’attention en Janvier, le terme « NFT » totalise plus de 160 millions de recherches sur Google d’Octobre à Mars. Les discussions en ligne autour des « NFT » abreuvent les réseaux sociaux générant plus de 460 millions de mentions sur la même période.

Evolution graphique du terme NFT

Puisque la thématique semble générer beaucoup d’intérêt auprès de certaines communautés, les marques s’intéressent de plus en plus à cette nouvelle opportunité, aux règles d’achat et de consommation singulières. Particulièrement dans le secteur du gaming, les ambitions des marques autour des NFT se développent de façon exponentielle. Allant d’Ubisoft annonçant la mise en place de Quartz, une plateforme d’échange de NFT  jusqu’à Krafton signant récemment avec Solana Labs, les annonces des éditeurs de jeux vidéo en matière de NFT se font de plus en plus nombreuses. Pourquoi l’industrie du gaming peut-elle être précurseure dans le domaine des NFT ? 

 

Les digital goods ne sont pas nouveaux pour les gamers

Popularisés dès 2012 avec la commercialisation des premiers skins dans les jeux de Team Fortress 2 et Counter Strike: Global Offensive, les digital goods sont présents sous différentes formes (accessoires, pouvoirs, ou encore musiques) depuis de nombreuses années déjà dans l’univers des jeux vidéo. Principalement exploités sur des jeux en ligne, ces services font partie intégrante des plateformes de gaming, permettant jusqu’à l’implémentation de systèmes monétaires et de troc propres à ces dernières.

Ces digital goods vont avoir des utilités diverses selon les jeux. Certains sont des personnages ou des objets que l’on va pouvoir jouer une fois débloqués quand d’autres octroient de nouvelles habilités. La majorité de ces accessoires amènent surtout une plus-value visuelle personnalisée pour ceux qui les possèdent. Elle permet à la fois de valoriser son « style » dans le jeu mais également de se démarquer des autres joueurs. Sur la plateforme Steam par exemple, les skins d’armes du jeu CS:GO s’échangent aux prix de quelques centimes pour les plus abordables, jusqu’à plusieurs milliers d’euros. Leur prix final est souvent déterminé par la demande elle-même, l’aspect visuel artistique et la rareté de l’item.

Gaming digital good - skin CS:GO M4A4 Howl
Skin CS:GO M4A4 Howl
Valeur sur la marketplace : 7 000€

Vous l’aurez compris, les digital goods ne sont pas étrangers à l’univers avant-gardiste du gaming, qui au contraire paraît donc être le terrain d’expérimentation idéal des NFT et de ces pratiques futures.

 

Les NFT, une suite logique pour les acteurs du jeu vidéo ?

Gaming - NFT Castlevania - Vampire Killer

Pour célébrer les 35 ans de Castlevania, Konami a lancé en janvier une collection de 14 NFT emblématiques du jeu, disponibles aux enchères sur la plateforme OpenSea. Si cette initiative constitue surtout un premier pas pour l’entreprise dans le Web3, l’opération est un succès financier puisque ceux-ci se sont vendus pour un total de plus de $162 000, dont une œuvre de la carte du château de Dracula du jeu original acquise pour $26 000.

Si certains éditeurs lancent des collections de NFT, d’autres affichent une volonté de se positionner dans ce domaine en s’inscrivant dans le long terme.

 

C’est le cas de SEGA qui annonce chercher à intégrer la technologie blockchain à son projet « Super Game » afin de « relier des jeux différents aux uns et aux autres » a révélé le producteur Masayoshi Kikuchi. Les mêmes NFT seraient donc utilisables par les joueurs dans différents jeux SEGA. L’interopérabilité des IPs (Intellectual Properties) en connectant les jeux entre eux par le biais des NFT permettraient non seulement de valoriser la personnalisation de l’expérience de jeu et l’immersion, mais constituerait également un moyen efficace de fidéliser les joueurs à la gamme de jeux de sa marque.

L’avènement des play-to-earn

Les NFT commencent à devenir une pièce centrale de certains jeux vidéo, avec l’arrivée des jeux « Play-to-earn ». Grâce à l’implémentation d’un système économique et crypto-monétaire, les joueurs peuvent jouer pour acquérir en récompense des NFT, qu’ils peuvent ensuite échanger ou vendre. C’est d’ailleurs le cas du projet d’Aiza World, un jeu construit sur la blockchain permettant de gagner des NFT. Le système économique de celui-ci permet par ailleurs aux joueurs d’utiliser les NFT du jeu comme bien collatéraux à un prêt, une pratique qui se développe progressivement.

 

La controverse autour des NFT n’échappe pas aux communautés gaming

Parmi les nombreuses annonces liées au développement de NFT par des éditeurs de jeux vidéo, toutes ont généré des sentiments partagés de la part de leur communauté.
En prenant l’exemple d’Ubisoft, l’un des premiers acteurs à prendre les devants, l’annonce du lancement de la plateforme d’échange de NFT « Quartz »  a suscité de nombreuses réactions négatives, dont la vidéo Youtube sortie pour l’annonce du projet; qui fait l’objet de 96 % d’interactions négatives.

Les 3 principales raisons de ce sentiment d’antipathie des communautés gaming à l’égard des NFT, abordées ouvertement par les fans sur les blogs et réseaux sociaux, sont :

L’aspect économique :

Les projets sont perçus comme un simple moyen de générer plus de profit de la part des éditeurs. On remarque également que les fans redoutent un effet spéculatif des NFT sur les jeux.

L’aspect écologique :

N’étant pourtant pas une réalité pour toutes, les blockchains sur lesquelles sont basés les NFT sont perçues comme très polluantes car énergivores.

Scam :

Certains considèrent que, puisque la technologie blockchain garantit l’authenticité et la propriété mais n’empêche pas d’utiliser l’image virtuelle d’un NFT, elle n’apporte pas de réelle valeur ajoutée et constitue une arnaque.

Tweet négatif en réaction à l'annonce Quartz NFT d'Ubisoft
Tweet négatif sur l'aspect environnemental en réaction à l'annonce Quartz NFT d'Ubisoft
Tweet négatif sur l'aspect scam en réaction à l'annonce Quartz NFT d'Ubisoft

Ainsi on remarque que les problématiques soulevées par les fans sont davantage réputationnelles et liées à une méconnaissance du concept, mais sont des sujets sensibles qui peuvent générer une animosité et avoir un impact fort sur l’image d’une marque. Il y a donc un réel besoin de communication, voire d’éducation, auprès des communautés gaming autour des aspects écologiques et sécuritaires que peuvent présenter un projet NFT.

 

Quels enseignements ?

Ayant comme vertu le principe de propriété numérique, les NFT paraissent donc diviser jusqu’aux communautés gaming elles-mêmes, pourtant habituées aux pratiques des digital goods. Les nombreuses annonces de projets NFT par les éditeurs de ces derniers mois ont ainsi créé la controverse chez les fans autour des sujets écologiques, éthiques, et moraux, générant de nombreuses réactions négatives en ligne. On remarque que si certains éditeurs ambitionnent d’adopter la technologie blockchain dans une optique long terme afin d’améliorer l’expérience de jeu par la personnalisation et l’interopérabilité de leurs IPs (et donc d’aller plus loin que les NFT), une partie non négligeable des joueurs rejettent aujourd’hui les NFT par conviction personnelle. Il semble donc encore un peu tôt pour que les éditeurs puissent intégrer ouvertement les NFT sans impacter la réputation de leur marque auprès de certains de leurs fans.

Au-delà des NFT et des opportunités qu’ils offrent, on peut se demander comment la blockchain peut être intégrée pour améliorer l’expérience de jeu et l’immersion, et ainsi espérer voir le gaming faire partie intégrante des métaverses de demain ? Car si aujourd’hui l’utilité et l’impact de certaines utilisations de la blockchain semblent encore incompris et perçus péjorativement, leur volonté est de révolutionner les pratiques web de demain.