Comprendre les Pessi et leur mode d’action

Comprendre les Pessi et leur mode d’action

Avez-vous déjà croisé, sur X/Twitter, un internaute dont l’étrange photo de profil est un photomontage de Lionel Messi chauve ? Vous étiez sans doute en présence d’un Pessi. Quelle est cette communauté de trolls français, et quelles sont leurs actions en ligne ?

D’une communauté de fans de foot aux « trolls » organisés

L’origine du mouvement se retrouve dans la culture foot d’Internet en 2020. En effet, le nom « Pessi » fait référence aux penalties ratés par le joueur argentin. Les internautes se reconnaissent entre eux et affichent leur appartenance à la communauté en utilisant des photos détournées de Messi, des pseudos composés de jeux de mots basés sur le nom du groupe, ou des mots dont la première lettre a été remplacée par un P.

Mais au-delà des montages photo et des pseudos, la communauté perd rapidement son lien avec le football. Elle s’envisage comme une armée digitale prête à lancer des raids contre les personnalités (comme Cyril Hanouna ou Elon Musk) et les marques qu’ils considèrent problématiques ou avec lesquelles ils ne partagent pas le même avis. Ces raids sont des campagnes qui consistent à commenter le plus possible la dernière publication du compte ciblé, souvent avec des messages sans lien direct avec les raisons du raid. Par exemple, les Pessi sont très friands de la plaisanterie « -quoi ? -feur ».

Photomontage à l’origine de nombreuses photos de profils et de memes de Pessi.

Une véritable force de frappe en ligne

La locution « feur » a été tweetée plus de 1.2M de fois depuis le 1er septembre 2023. Les pics de posts visibles sur la chronologie ci-dessous illustrent des raids. Le pic le plus important correspond à la campagne menée contre Mila. On décompte 110K commentaires sur la publication prise d’assaut par les Pessi, quand la plupart des posts de Mila cumulent moins de 1K commentaires.
Chronologie des publications mentionnant « feur » sur X/Twitter

Nombre moyen de commentaires postés par un Pessi

Bien que ces volumes soient impressionnants, il s’agit en général d’un petit groupe de Pessi qui produit la majorité des commentaires. En effet, depuis le 1ᵉʳ septembre 2023, les 1.2M de posts ont été publiés par 15.4K auteurs uniques, postant ainsi en moyenne 71 commentaires chacun. Le Pessi le plus prolifique, Soldat Pessi, a publié 4.5K tweets à lui seul sur la période étudiée.

Quand les marques sont tourmentées par les Pessi : l’exemple de Carrefour

En mai 2023, les Pessi organisent le premier raid contre une marque. La raison de cette campagne : la branche israélienne de Carrefour inciterait « au terrorisme contre la Palestine » en omettant le territoire sur un tract publicitaire. La date choisie est le 17 mai, et la dernière publication de l’enseigne en devient donc la cible.
Le post de Carrefour est commenté 34K fois. C’est 515 fois plus que le nombre moyen de commentaires des publications de la marque.

Le raid reprend les codes traditionnels de la communauté. Ainsi, quelques internautes produisent une majorité des commentaires, qui sont souvent humoristiques et en lien avec l’univers des Pessi. Quelques personnes rajoutent aussi une référence à la raison du raid, ce qui est plutôt rare. Autre changement notable dans l’organisation de cette campagne : les Pessi l’ont partagée en amont sur des canaux publics, dont X/Twitter. Les raids suivants se sont préparés sur des réseaux privés, potentiellement Discord ou Telegram.

Carrefour n’a pas réagi à l’attaque en ligne, et la publication est toujours disponible sur le compte Twitter de l’enseigne. Les Pessi n’ont pas réitéré d’attaques vis-à-vis de la marque depuis.

Publication ciblée au cours du raid contre Carrefour
Les raids de Pessi sont imprévisibles mais peuvent avoir des répercussions sur l’image de votre marque. Toutefois, bien que le volume de publications puisse impressionner, il est par conséquent important de surveiller d’autres KPI, comme le nombre d’auteurs par exemple, afin de différencier une simple opération « troll » d’une véritable mobilisation du grand public. Digital Insighters vous accompagne dans l’anticipation et la gestion des crises e-réputationnelles. Contactez-nous pour profiter de notre expertise en culture Web et du social listening.
Les animaux de compagnie, nouvelle opportunité pour les marques

Les animaux de compagnie, nouvelle opportunité pour les marques

L’attachement et la considération que nous portons à nos animaux de compagnie se renforcent et s’étendent à tout type d’espèce. Cette tendance de fond grandit et ouvre les portes à de nouvelles opportunités pour les marques (toutes industries confondues). Elle nous amène à repenser la position des marques et de leur industrie. Un positionnement plus holistique, au sein du parcours de vie global des consommateurs, plutôt que restreint au parcours client unique à la marque. Un terrain d’innovation fertile nourrissant la création de produits et services ou votre stratégie marketing.

Les animaux : membres à part entière de la famille

En effet, nos compagnons ne devraient plus être considérés de façon singulière, mais de manière holistique. Ils font partie intégrante de la famille humaine et sont pris en compte dans tous les moments de vie.

Chiffres clés : une tendance mondiale

Notre étude retrace les moments clés de l’évolution de notre rapport aux animaux domestiques. Elle s’intéresse aussi à la transformation des modes de vies qui découle de cette évolution. Nous avons notamment regardé les chiffres pour les États-Unis et la France. Plus de 50% des Américains et des Français possèdent un animal et que plus de 80% des propriétaires d’animaux les considèrent comme un membre de la famille. Ce changement de paradigme amène une croissance des dépenses liées à nos poilus, et ce dans des domaines parfois inattendus tels que la mode, le sport ou encore les poussettes et la littérature.

Études de cas : des marques qui ont su s’adapter

Nous nous penchons sur plusieurs cas d’école, tels que : Décathlon, Zara, Hermès ou Bark Air (et plusieurs autres). Nous présentons la façon dont ces marques ont intégré les animaux de compagnie au sein de leurs stratégies. Elles en ont fait une nouvelle brique de leur offre de produits et services en les intégrant de façon homogène à leur parcours client. Mais surtout, elles sont sorties d’une vision en tunnel du parcours client, pour s’intégrer au parcours de vie de leurs consommateurs.

L’étude revient également sur le phénomène d’influence que représentent les animaux et leurs humains d’attachement et les opportunités qui en découlent.

Lapin avec un harnais

L’émergence des lapins : le prochain boom ?

Pour finir, nous décryptons le nouvel engouement autour des lapins, qui pourraient faire l’objet d’une croissance similaire observée chez les chats et les chiens.

Une tendance émergeante : une opportunité marketing

Pour en savoir plus sur cette tendance et déterminer si votre marque peut en bénéficier, téléchargez notre Trend book ➡️ Les animaux de compagnie : nouvelles muses marketing ?

Comment la fake news de Vincent Flibustier sur CrowdStrike est devenue virale ?

Comment la fake news de Vincent Flibustier sur CrowdStrike est devenue virale ?

Le 19 juillet 2024, une mise à jour défectueuse du logiciel de sécurité de CrowdStrike a provoqué le crash de 8,5 millions d’ordinateurs sous Windows. Cela a entraîné la plus grande panne informatique de l’histoire. Cette coupure a touché divers secteurs à l’échelle mondiale, perturbant surtout les compagnies aériennes, les banques, les hôpitaux et les services gouvernementaux. Le préjudice financier est estimé à au moins 10 milliards de dollars.

D’après Cirium, qui se présente comme « la source la plus fiable au monde en matière d’analyse aéronautique », 5 078 vols, soit 4,6 % des vols programmés ce jour-là, ont été annulés à l’échelle mondiale.

 

Mais c’était quoi le bug en fait ?

Rapidement, sans rentrer dans les détails trop techniques, la mise à jour de CrowdStrike a entraîné l’entrée des ordinateurs dans une boucle de redémarrage. L’erreur a été identifiée en quelques heures et un correctif a été déployé, mais celui-ci est assez complexe à réaliser pour une personne dont ce n’est pas le métier.

Un utilisateur Windows subissant le problème CrowdStrike

Un sentiment de panique généralisé

Tout cela a engendré un climat de panique en ligne, avec des entreprises et des employés incapables d’accéder à leurs outils de travail. A titre de comparaison en seulement 24 heures, on a compté 2,3 millions de conversations, soit un peu moins que le nombre de discussions qu’il y a eu en une semaine autour des JO de Paris 2024, qui s’élève à 2,8 millions.

Mentions CrowdStrike & Paris 2024

Dans ce contexte, Vincent Flibustier tweete une fake news ajoutant au chaos

L’absence de communication claire a exacerbé les tensions, ajoutant à la confusion générale et à la sensation de chaos numérique. Et c’est sur cette situation que Vincent Flibustier, formateur en citoyenneté numérique et spécialiste en « fake news », a réussi à surfer. Avec son photo montage, il a fait croire que c’était son premier jour chez CrowdStrike et qu’il venait de faire une mise à jour avant de prendre son après-midi.

Sur X, les internautes ont spéculé sur les causes de ce bug

Dans ce climat de panique totale, mêlant manque d’information, tension et blague, sa fake news s’est propagée rapidement sur X, notamment auprès des internautes peu suivis / non influenceurs. Seuls deux comptes avec plus d’abonnés qui lui (300K et 200K) ont relayé son post, ce qui ne peut justifier à lui seul l’ampleur de l’écho en ligne.

Lui-même donne plusieurs raisons expliquant pourquoi cela a fonctionné :

  1. Aucun coupable n’a encore été désigné.
  2. Le coupable apparent est perçu comme « idiot ».
  3. Les gens ont besoin d’informations inédites.
  4. La fake news est écrite en anglais pour une plus large diffusion, et surtout c’est une communauté qui ne sait pas qui il est.
  5. Détournement de l’attention avec les doigts de nain, ce qui fait qu’on se concentre moins sur le mauvais déroutage.
  6. Le biais de confirmation : « L’information me plaît, elle est donc vraie ».
  7. La fake news est poussée par une communauté qui sait que c’est une blague.

Et c’est certainement le fait d’avoir communiqué en anglais qui a contribué à faire de cette publication un véritable buzz. En effet, les mentions émises depuis les États-Unis représentent plus de la moitié des conversations sur le sujet, suivis par les mentions émises depuis la Turquie et le Japon.

Part des mentions sur CrowdStrike
Part des mentions sur la publciation de Vincent Flibustier

On retrouve une audience similaire chez les internautes ayant relayé le tweet de Vincent Flibustier par citations ou retweet. Près de la moitié proviennent des États-Unis, suivis du Japon, puis de la France, sa communauté.

Quid de la réaction de CrowdStrike ?

À la suite de cet évènement, l’entreprise a cherché à être la plus transparente possible sur ce qui est arrivé en publiant un long rapport détaillant ce qui a mal tourné et pourquoi. Elle s’est engagée à améliorer ses méthodes de test pour éviter de futures erreurs et offre. Ce rapport est mis en avant en haut de leur site, accompagné d’un message d’excuse du CEO de CrowdStrike, George Kurtz.

En revanche, il n’est pas certain qu’il ait été judicieux de mettre en avant les bons d’achat de 10 dollars de crédits Uber Eats offerts aux employés pour le « travail supplémentaire » fourni pour aider les clients de CrowdStrike. D’autant plus que certains de ces bons d’achat étaient invalides…

La gestion de crise de CrowdStrike souligne l’importance de la réactivité en ligne. C’est ainsi que chez Digital Insighters nous décryptons les événements marquants, en remontant les origines de l’événement en ligne pour mieux en comprendre les mécaniques, afin de pouvoir réagir en adéquation.

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

Après avoir été exposés aux vidéos « girl dinner » dans votre timeline TikTok, vous avez certainement vu des vidéos « girl math » : une méthode de calcul pour justifier des achats importants ou superflus. Explications.

Les principes de calculs expliqués dans les vidéos “girl math” peuvent paraître farfelus.

 

Ils combinent des logiques pour démontrer que certaines dépenses peuvent être considérées comme gratuites, par exemple

  • Un achat de mois de 5 € est « pratiquement gratuit ».
  • Un achat fait avec un billet retrouvé par hasard au fond d’un sac est « techniquement gratuit », puisque qu’il n’y a aucune écriture sur le compte courant.
  • Une dépense faite avec des cartes prépayées est gratuite, pour la même raison que précédemment.

En théorie.

Ces logiques reposent sur 3 principes économiques :

  • Le « coût par usage » (coût réel d’un article en fonction aux fois qu’il sera utilisé) qui est un des éléments clés à considérer dans le choix d’un achat.
  • Les « coûts irrécupérables » (payés définitivement, non remboursables, ni récupérables) qui peuvent nous pousser à poursuivre des décisions qui ne pouvaient être rentables.
  • Le « coût prospectif » (lié aux gains ou pertes que peuvent être modifiés si une mesure préventive est prise) qui pourrait être utilisé soit pour justifier des dépenses excessives, soit pour faire des économies

Des contenus destinés à se moquer du stéréotype patriarcal.

 

Ces méthodes de calculs expliquées en vidéo avec des exemples sont une façon de dénoncer le stéréotype patriarcal selon lequel on ne peut pas faire confiance à une femme pour gérer un portefeuille, puisqu’elles inventent des calculs irrationnels. La plupart des créatrices de contenus usent du second degré, et ne se prennent pas au sérieux. C’est leur façon de dénoncer le sexisme sur ce sujet de la gestion du porte-monnaie.

Ce décalage peut ne pas être compris, et renforcer ainsi les stéréotypes misogynes lorsque les vidéos sont visionnées sans avoir connaissance du contexte. Évidemment, ces contenus pris au pied de la lettre peuvent déstabiliser ou indigner, mais il n’y a pas matière à s’alarmer selon Dan Egan, vice-président de la finance comportementale et des investissements chez Betterment.

D’après lui, dans la réalité, les vidéos « Girl Math » représentent le type de comptabilité mentale que beaucoup de gens font (y compris les hommes) pour compartimenter ses décisions financières.

L’intérêt autour des termes « Girl math » sur Google (Monde)

Tendance de recherche des termes "Girl Math" sur Google

L’intérêt autour du hashtag #GirlMath sur TikTok (Monde)

#GirlMath tendance sur TikTok

« Girl Math » nous aide à nous libérer de la culpabilité liée à nos dépenses…

 

Ces créatrices de contenus ont une formule qui marche. En pointant du doigt les achats irrationnels et spontanés avec une ironie qui permet de dédramatiser, la crainte du jugement d’irresponsabilité budgétaire est levée. Cet humour léger sur l’introspection face aux hésitations et considérations de l’acte d’achat pourrait s’étendre à d’autres moments de consommation.

La  hype autour de l’intelligence artificielle a-t-elle atteint son pic ?

La hype autour de l’intelligence artificielle a-t-elle atteint son pic ?

Depuis plusieurs mois, nous avons tous testé les plateformes d’IA après leur mise en service, et le soufflet commence à retomber d’après les premiers indicateurs. La hype est-elle passée ?

Le nombre de visites sur l’application ChatGPT a diminué le mois dernier.

Les « generative AI » semblent être de plus en plus performantes et utilisées à en voir le traitement qu’elles reçoivent dans la presse et les réseaux sociaux. Mais est-ce vraiment le cas ?

Après avoir ralenti sa croissance au cours des trois derniers mois, ChatGPT a enregistré une baisse de 9,7 % de son trafic mondial entre mai et juin, selon Similarweb. Aux États-Unis, la baisse d’un mois sur l’autre était de 10,3 %.

Le nombre de visiteurs uniques sur le site web de ChatGPT a diminué de 5,7 %. Le temps passé par les visiteurs sur le site a également diminué de 8,5 %.

Malgré tout, ChatGPT attire toujours plus de visiteurs que bing.com, le moteur de recherche de Microsoft, ou Character.AI, le deuxième chatbot AI autonome le plus populaire. Le trafic sur Character.AI a baissé de 32 % d’un mois à l’autre.

Par ailleurs, Google Trends indique une baisse du volume de recherche des internautes pour les termes tels que ChatGPT, OpenAI, Generative AI, GPT etc…

Un récent sondage réalisé auprès de 2 000 américains par The Verge a révélé que, malgré l’attention médiatique, moins de 60 % des Américains ont entendu parler de ChatGPT ou l’ont essayé. Les points clés de cette étude concernant la notoriété des Generative AI :

  • L’IA attire l’attention, mais l’utilisation réelle des outils est encore relativement limitée. Beaucoup de gens ont entendu parler d’outils d’IA populaires comme ChatGPT, mais ne les ont pas utilisés.

 

  • Divisions générationnelles : les Millennials et la génération Z sont les principaux utilisateurs d’outils d’IA, tandis que les générations plus âgées en sont moins familières.

 

  • Attentes et impact : malgré une utilisation limitée, les gens ont de grandes attentes quant à l’impact de l’IA sur la société, croyant qu’elle aura un effet significatif par rapport à d’autres technologies récentes comme les véhicules électriques et les NFT.

Ceci étant, l’intérêt pour les IA génératives est plus que toujours présent, malgré la baisse de trafic.

Fait intéressant, selon IOT Analytics, entre le premier trimestre et le deuxième trimestre 2023, le sujet des IA génératives a progressé en volume et en importance, dépassant les sujets RSE et « sustainability » par exemple.

Alors est-ce qu’on parle d’une tendance à la hausse ou à la baisse concernant l’utilisation et l’adoption des IA génératives ?

L’IA générative en est encore à ses débuts.

Le déclin de l’engouement autour de l’IA générative ne signifie pas que l’IA générative est en recul, mais indique simplement une baisse tout à fait habituelle suite à en effet de hype. De nombreuses entreprises intègrent davantage de fonctionnalités d’IA générative dans leurs produits et leurs services existants (comme Canva, Adobe, Dropbox etc…), de nouvelles start-ups travaillent sur des solutions d’IA verticales, des automatisations spécifiques à l’industrie et des outils pour déployer en toute sécurité l’IA générative au sein des organisations.

Dawn Capital a publié une analyse intéressante sur le potentiel des start-ups d’IA générative en Europe, démontrant que nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Comparé à d’autres vagues technologiques, l’IA générative est un domaine où les start-ups européennes ont un potentiel et un rôle à jouer : des modèles de base (open source) jusqu’aux outils et à l’infrastructure des LLM (Language Model Models), en passant par les applications concrètes.

Source : VC café