Luxe, dupes & désinformation : le Luxe confronté à la viralité

Luxe, dupes & désinformation : le Luxe confronté à la viralité

Et si, en 2025, la notion de Luxe ne se résumait plus au savoir-faire, à l’excellence, au statut, à l’innovation et à la rareté, mais révélait les prémices d’une redéfinition profonde ? Sur TikTok, les dupes ne se cachent plus. Ils s’assument, se comparent, se partagent. Une vague de contenus en provenance de fabricants chinois agit comme un catalyseur. Ces vidéos, massivement relayées, interpellent une audience mondiale désormais sensible à la transparence, à l’accessibilité et à la valeur d’usage, quitte à reléguer l’exclusivité au second plan. Le sac à 200 € devient alors le symbole d’un arbitrage éclairé. L’imitation ? Un choix assumé, parfois même revendiqué. 

Le Luxe à l’épreuve de la désinformation virale ?

Longtemps associé à un artisanat d’exception et à une production localisée, principalement en Europe, le secteur du luxe se retrouve aujourd’hui confronté à de nouvelles zones d’ombre, attisées par la viralité des contenus circulant sur les réseaux sociaux.

Sur TikTok, plusieurs fabricants basés en Chine affirment être à l’origine d’une part significative des sacs commercialisés par des Maisons emblématiques telles qu’Hermès, Louis Vuitton ou Gucci. Et ce, malgré la présence d’étiquettes indiquant « Made in Italy » ou « Made in France ». D’autres marques mondiales comme Nike ou Lululemon sont également mentionnées, mais c’est bien le luxe qui cristallise l’attention.  L’un de ces créateurs avance par exemple un coût de fabrication estimé à 1 400 dollars pour un sac Hermès Birkin, vendu près de 20 000 dollars en boutique. Selon lui, « 90 % du prix payé est pour le logo ».

Ce phénomène dépasse le cadre anecdotique des contenus viraux. Il s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, marqué par les rivalités commerciales croissantes entre la Chine et les États-Unis. En janvier dernier, Donald Trump annonçait ainsi son intention d’imposer une surtaxe de 145 % sur les produits importés de Chine.

Dans ce climat, plusieurs fabricants chinois investissent massivement les plateformes sociales. Leur stratégie : valoriser leur savoir-faire, dévoiler les coulisses de leurs ateliers et offrir un accès direct à leurs créations.

TikTok, DHgate ou encore AliExpress deviennent ainsi des vitrines commerciales et stratégiques, façonnant de nouvelles dynamiques de consommation. En quelques jours, DHgate s’est hissée au rang de deuxième application la plus téléchargée sur l’App Store américain, portée par une promesse claire : proposer des produits au design soigné, à des prix imbattables, en contournant les circuits traditionnels du luxe.

résultats TikTok sur #chinamanufacturer

likes sur le post le plus engagement #ChinaManufacturer

engagements sur les posts mentionnant "china manufacturer" hors TikTok

Luca Solca, analyste chez Bernstein, observe dans The Business of Fashion que la prolifération récente de contenus sur ce sujet « ressemble à une offensive orchestrée ». Ces vidéos, souvent supprimées puis repostées via de nouveaux comptes, circulent massivement sur TikTok, alimentant une mécanique virale difficile à enrayer.

Derrière cette vague de publications, l’intention des fabricants semble claire : séduire une clientèle internationale. Pour y parvenir, ils rendent leurs produits visibles, accessibles et attractifs. L’usage de l’anglais, les prix affichés en dollars, et le recours à des formats courts, engageants et viraux renforcent cette orientation. Tout laisse penser qu’ils ciblent prioritairement un public nord-américain. Cette stratégie s’inscrit aussi dans une logique de contournement : elle vise à capter des capitaux par des circuits de distribution alternatifs, en réponse aux menaces de surtaxes américaines annoncées par Donald Trump.

Mais au-delà de ces objectifs commerciaux, l’impact est plus large. Cette exposition répétée contribue, sciemment ou non, à redéfinir la perception du luxe. En valorisant des articles fabriqués avec un savoir-faire proche de celui des grandes Maisons, mais proposés à des prix bien inférieurs et dépourvus de logos, ces acteurs créent un espace de consommation parallèle.

À l’image des « fake markets » de Shanghai, ce marché est désormais numérique. Il capte l’attention, brouille les repères traditionnels et redistribue les codes de la valeur perçue. La frontière entre original et équivalent, entre prestige et accessibilité, devient plus floue que jamais.

Face à cela, quelles postures adoptent les Maisons de Luxe ?

À l’heure où certaines vidéos virales suscitent des interrogations sur l’origine réelle des produits de Luxe, la plupart des grandes Maisons ont choisi de ne pas réagir publiquement. Si certains spécialistes considèrent ces contenus comme relevant de la désinformation, rares sont les prises de parole officielles à ce sujet. Hermès fait figure d’exception en affirmant sur son site que l’ensemble de sa production est réalisée en France, une information relayée par le New York Times.

Selon The Business of Fashion, plusieurs groupes du secteur auraient partagé en interne une note visant à sensibiliser à la désinformation et à la lutte contre les contrefaçons. Cette démarche reste cependant confidentielle, aucun communiqué public n’étant venu l’accompagner. Sollicitées sur ce sujet, des Maisons telles qu’Hermès, Chanel, LVMH ou Kering n’ont pas souhaité faire de commentaire.

Cette discrétion peut s’expliquer par un environnement réglementaire particulièrement technique. Il est par exemple légal d’apposer la mention « Made in Italy » dès lors qu’environ 45 pour cent des coûts de production sont associés à l’Italie. Ce calcul inclut des éléments indirects, même si certaines étapes majeures, comme l’assemblage, sont réalisées ailleurs. Une subtilité de plus en plus connue du public, qui vient relativiser l’idée d’une fabrication exclusivement européenne.

Entre perception des audiences et expérience client : l’émergence d’une dissonance ? 

Malgré l’ampleur du phénomène, l’absence de réaction publique des Maisons n’a pas suscité de critiques virulentes sur les réseaux sociaux. Si les premières vidéos virales dénonçant les conditions de fabrication des produits de luxe ont provoqué une vague d’indignation, les réactions du public ont depuis évolué. Le débat s’est déplacé vers des échanges plus nuancés.

Sur TikTok et d’autres plateformes, la stupeur initiale a fait place à un mélange de curiosité, d’étonnement, d’interrogations, de vérifications et parfois à un sentiment de trahison. Très vite, la conversation a changé de ton. Tutoriels, bonnes affaires, liens vers des sites de revente, vidéos de déballage ou comparaisons entre pièces iconiques et modèles sans marque se sont multipliés. Ce nouveau récit traduit une recherche active de solutions pour accéder à l’esthétique du luxe à moindre coût.

Si ce mouvement ne semble pas remettre en cause la fidélité des audiences les plus engagées, il installe une forme de distance, parfois teintée de défiance. Notamment chez les jeunes générations. Entre désir de transparence, esprit critique et volonté d’émancipation face à un système perçu comme opaque, beaucoup explorent d’autres voies. Les dupes, ces pièces sans logo mais de plus en plus proches des modèles originaux, s’imposent comme des alternatives assumées. Et après achat, les retours d’expérience sont globalement positifs de la part des audiences. Ces objets ne sont plus perçus comme de simples copies, mais comme des produits valorisés pour leur qualité perçue et leur accessibilité.

Cependant, les clients habitués des Maisons de Luxe notent un écart réel entre la copie et l’original.

Dans ce climat de questionnement, la clientèle du luxe fait preuve de discernement. Certains ont pu s’interroger en découvrant des vidéos mettant en scène des fabrications de haute qualité. Pourtant, ils identifient rapidement les dissonances. En confrontant les contenus circulant sur TikTok à des sources fiables, comme le site d’Hermès, beaucoup relèvent les imprécisions. Ils pointent la montée de la mésinformation, et s’attachent à comprendre le sens réel de certains termes, tels que « primarily » ou « manufactured« , souvent mal interprétés ou volontairement détournés.

Les clients ne sont donc pas dupes.

Quand les créateurs de contenu s’en mêlent 

Plusieurs créateurs de contenu spécialisés dans la mode ont saisi l’occasion offerte par cette séquence médiatique pour rappeler une réalité souvent ignorée. Contrairement aux idées reçues, la fabrication en Chine ne peut être réduite à une simple notion de moindre qualité.

Au contraire, ils mettent en avant l’excellence de nombreux savoir-faire techniques présents sur le territoire. Ils soulignent l’existence d’unités de production performantes, rigoureusement organisées et soumises à des standards de contrôle parmi les plus stricts. Cette prise de parole contribue à nuancer les perceptions, en valorisant une expertise souvent invisibilisée dans les récits dominants sur le luxe.

Vu que tout le monde parle du made in China dans la mode comme s’il s’agissait d’une contrefaçon d’élégance, il serait temps de comprendre une chose. Ce n’est pas parce que c’est fait en Chine que c’est mauvais. Parfois c’est juste mieux fait que tout le reste. […] 

@MavEric

Au-delà de la polémique : vers une redéfinition culturelle du Luxe auprès des audiences ?

 

La récente controverse autour du « Made in China » ne peut être réduite à une remise en cause directe des grandes Maisons. Elle révèle plutôt une transformation progressive du regard que portent les audiences sur le luxe. Loin de provoquer une indignation durable, ces fausses révélations sur les coulisses de la fabrication ont ouvert un espace de réflexion. Pour certains, elles constituent même le point de départ d’une redéfinition contemporaine du luxe.

Pour une partie croissante des audiences, en particulier chez les jeunes générations, l’idée même du luxe se transforme. Elle ne se limite plus à un logo, à une provenance géographique ou à un récit institutionnalisé. Elle s’évalue désormais à travers la qualité perçue, la transparence des processus de fabrication, et la justesse perçue entre valeur d’usage et prix payé. Il s’agit d’une approche plus informée, où le sens accordé à l’objet compte autant que le prestige de la marque. Dans cette nouvelle grille de lecture, les « dupes » ne sont plus systématiquement considérées comme de simples copies trompeuses. Ils apparaissent parfois comme des alternatives pertinentes, cohérentes avec des attentes qui privilégient le pragmatisme et l’accessibilité.

Dans le même temps, la montée en puissance de la Chine dans les segments haut de gamme contribue à redessiner les repères traditionnels. Elle invite à dépasser l’opposition binaire entre excellence occidentale et production asiatique. Le luxe ne dépend plus uniquement d’une origine. Il repose sur l’attention portée à chaque étape de la fabrication, quel que soit le lieu.

Ce changement de regard ne remet pas en cause les fondements du luxe. Il les inscrit dans un récit renouvelé, façonné par des audiences sensibles à des narrations multiples : parfois véridiques, parfois perçus comme tels, parfois erronés. Dans ce paysage mouvant, les fondamentaux des grandes Maisons prennent une importance accrue. Ils permettent de démontrer la rigueur des savoir-faire, de construire des contre-récits crédibles, et de préserver l’intégrité de leur promesse.

 

Aqababe vs Dupont de Ligonnès : l’influence peut-elle faire justice ?

Aqababe vs Dupont de Ligonnès : l’influence peut-elle faire justice ?

Et si un influenceur pouvait réveiller une affaire classée ? En avril 2025, Aqababe, figure bien connue du gossip 2.0, a provoqué un emballement en ligne en relançant l’enquête sur Xavier Dupont de Ligonnès. Derrière l’effet d’annonce, une mobilisation virale spectaculaire qui en dit long sur notre rapport à l’information, à la justice et au storytelling.

Une affaire jamais vraiment éteinte

Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d’avoir tué sa famille en 2011 avant de disparaître sans laisser de trace, n’a jamais cessé de hanter l’imaginaire collectif. En avril 2025, c’est une figure inattendue qui redonne vie à ce cold case : Aqababe.

À travers d’éléments partagés dans un canal Instagram, il affirme avoir des “pistes sérieuses” sur l’homme le plus recherché de France. Avec des éléments plus ou moins concrets, mais avec une narration millimétrée, il parvient à capter l’attention d’un public bien plus large que celui des seuls true crime addicts.

Une mobilisation numérique éclair

Le graphique ci-dessus fait figurer le volume de mentions à propos de l’affaire sur les réseaux sociaux. Il illustre parfaitement la fulgurance du phénomène : 61 000 résultats générés en quelques jours entre le 27 et le 28 avril. Une envolée massive de mentions, posts, articles et vidéos sur le sujet.

Cette courbe témoigne d’une dynamique typique d’une actualité virale : montée virale, pic émotionnel, puis une longue traine dans les discussions. Mais ici, l’objet du débat n’est pas anodin : il touche à la justice, à la mémoire collective, et à la frontière floue entre journalisme et divertissement.

 

Les implications : entre influence, justice et storytelling

  1. Le pouvoir des influenceurs : cette affaire confirme que des personnalités numériques peuvent aujourd’hui orienter l’agenda médiatique, même sur des sujets aussi sensibles qu’une enquête criminelle.
  2. La porosité entre faits et fiction : la mobilisation autour de Dupont de Ligonnès oscille entre enquête citoyenne, voyeurisme et thriller collectif. La vérité devient un produit narratif.
  3. Les risques de l’emballement collectif : si la visibilité peut relancer des dossiers, elle peut aussi nuire à l’intégrité des enquêtes en cours, générer de fausses pistes et mettre en danger des innocents.

Ce phénomène n’est pas nouveau

L’irruption d’internautes dans le champ judiciaire n’est pas une nouveauté. En 2019, le documentaire Don’t F**k with Cats a révélé comment une poignée de cyberdétectives amateurs ont traqué pendant des mois un internaute potentiellement dangereux appelé Luka Magnotta, bien avant que les autorités ne le relient à un meurtre sordide au Canada. En retraçant ses vidéos et ses traces numériques, ces internautes ont contribué de manière décisive à sa traque.

Autre exemple frappant : le mouvement #FreeBritney. Ce hashtag, créé par deux podcasteuses qui décryptaient la timeline Instagram de Britney Spears, a fini par mobiliser des millions de fans déterminés à dénoncer les abus de tutelle que subissait Britney Spears. Cette pression populaire a été cruciale pour rouvrir le dossier, jusqu’à l’issue judiciaire favorable que l’on connaît en 2021.

Conclusion : un cas d’école pour l’ère de l’info-spectacle

Xavier Dupont de Ligonnès n’a pas refait surface, mais Aqababe affirme l’avoir localisé quelque part en Asie. Il a même déclaré être prêt à s’y rendre en personne si l’homme n’est pas retrouvé d’ici peu. En attendant que l’enquête avance, son initiative s’est transformée en format participatif. Le canal Instagram initialement dédié à la traque de Xavier Dupont de Ligonnès est désormais rebaptisé et recentré sur la résolution d’autres affaires non élucidées.

Le principe ? Les abonnés votent pour choisir la prochaine enquête à médiatiser. Parmi les cas évoqués : le petit Grégory, l’affaire Estelle Mouzin, ou encore le mystère du vol MH370. Une gamification de la justice et de l’investigation, symptomatique de notre époque, où l’influence devient levier d’action collective, pour le meilleur… ou pour le buzz.

Tendance « No-Buy » : la consommation à l’ère de la modération

Tendance « No-Buy » : la consommation à l’ère de la modération

Sur TikTok, le défi « No-Buy » explose. Mais au-delà de la tendance massive, c’est toute une philosophie d’achat qui prend racine. Consommer moins, consommer mieux : une prise de conscience collective s’impose, et les marques doivent s’y adapter.

Du défi personnel à un mouvement global

L’idée n’est pas neuve : dès 1992, le Canada organisait une « Journée sans achat ». Mais en 2025, la mécanique prend de l’ampleur. Sur les réseaux sociaux, TikTok en tête, le No-Buy Challenge se structure : une année sans achat non essentiel. Et cette fois, le phénomène semble durable.

Pourquoi maintenant ? Parce que trois grandes forces convergent :

  • Pression économique : l’incertitude reste forte malgré une croissance modeste à 2,8 %. Plus de la moitié des économistes prévoient un affaiblissement mondial en 2025.
  • Discipline financière : les jeunes, initiés à la gestion budgétaire sur TikTok dès 2020, poussent la tendance. En 2022, 58 % des 18-24 ans au Royaume-Uni suivaient des créateurs de contenu sur la finance.
  • Envie d’agir pour la planète : 75 % des utilisateurs interrogés par Unilever en 2023 affirmaient modifier leurs comportements après avoir vu du contenu sur la durabilité.

Des forums Reddit aux pics de recherche Google

La communauté No-Buy la plus active reste r/MakeupRehab (158 000 membres), initialement centrée sur la beauté et la lutte contre les achats compulsifs. Mais en 2025, la tendance dépasse ce cadre : les motivations sont plus larges, tout comme les secteurs concernés. Le subreddit r/nobuy, passé de 6 800 membres fin 2019 à 66 000 en février 2025, en témoigne. Entre janvier 2024 et janvier 2025, les mentions de « 2025 » y ont bondi de +90 %, reflet d’un débat désormais focalisé sur la préparation du défi annuel.

Tendance Consommation No Buy 2025

La tendance infuse aussi les comportements de recherche : +45 % de requêtes liées au défi No-Buy sur Google fin 2024 aux Etats-Unis, avec des pics records entre novembre et février (+474 % sur deux mois). Pour la première fois, les recherches de février dépassent celles de janvier: la hausse annuelle du volume de recherches est passée de 8 % en 2023 à 45 % en 2024.

Tendance Consommation No Buy 2025

Entre novembre et février, les recherches liées au No-Buy ont bondi : +474 % entre novembre et décembre, +22 % en janvier 2025, puis +78 % en février. Pour la première fois depuis 2022, février dépasse janvier, lui-même déjà supérieur à décembre. Un signe clair d’un intérêt croissant et soutenu.

Tendance Consommation No Buy 2025

Moins de biens, plus de sens

Si les États-Unis portent la tendance, elle s’internationalise en 2025 : Indonésie, Europe… Dans les pays les plus touchés par l’inflation, l’approche séduit : une consommation recentrée sur les besoins essentiels (alimentation, santé, épargne), au détriment des achats impulsifs.

Les catégories les plus touchées sont les  biens et services non essentiels : mode, beauté, électroménager, décoration, restauration rapide… Même les livres et les plantes sont concernés. En parallèle, les marchés de seconde main et de location profitent de cette bascule vers la durabilité et la frugalité choisie.

Le défi encourage à réallouer les dépenses vers l’essentiel (alimentation, santé, services, épargne) tout en stimulant le marché de la seconde main. Il traduit aussi une préférence grandissante pour les expériences plutôt que les possessions.

Pour les marques, l’intentionnalité est le nouveau luxe

Le défi No-Buy 2025 pourrait bien s’inscrire dans la durée et dépasser le cadre d’une simple effet de mode : il incarne une remise en question profonde de la consommation, au profit de la prudence financière et de l’intentionnalité. Son impact économique dépendra de l’adhésion, mais ses effets sur les habitudes pourraient être durables. Pour les marques, c’est un signal clair : innover, miser sur la transparence et la durabilité n’est plus une option, mais une condition pour rester pertinentes face à des consommateurs plus exigeants.

Opportunités d’Innovation et d’Adaptation

Le mouvement No-Buy 2025 est un signal faible devenu fort. Il ne s’agit plus de simples résolutions personnelles mais d’un changement culturel profond. C’est une opportunité (et une urgence) pour les marques de repenser leurs offres, leur communication et leur rôle.

Bien que cela représente un défi, c’est un terrain fertile pour l’innovation. À mesure que les valeurs évoluent, l’importance accordée aux produits durables et réparables ne cesse de croître chez les consommateurs.

Vous souhaitez en savoir plus sur les attentes des consommateurs face aux phénomènes comme le No-Buy ? Nous pouvons vous aider à identifier des tendances et signaux faibles, contactez nous !

Les utilisations ratées de mèmes par les marques en 2024

Les utilisations ratées de mèmes par les marques en 2024

La vie d’un mème commence souvent de manière spontanée et informelle. Ils naissent de l’imagination des internautes et sont liés à des moments de culture populaire sur Internet. Toutefois, lorsque les marques utilisent ces mèmes, ils subissent parfois une transformation qui leur fait perdre leur esprit initial. Ce passage de l’authenticité à une exploitation commerciale peut vite tourner au ridicule, donnant lieu à des mèmes dénaturés ou surutilisés jusqu’à en devenir insignifiants. Dans cet article nous explorons 3 exemples d’utilisations ratées de mèmes par les marques en 2024.

Un rapport différent à l’utilisation des mèmes par les entreprises en fonction des générations.

Avant tout, il est important de rappeler que les différences générationnelles influencent la perception de l’utilisation des mèmes par les entreprises.

L’étude de Morning Consult Pro rapporte que les Millennials se montrent généralement plus favorables à l’utilisation des mèmes par les marques, avec 44 % d’avis positifs contre seulement 22 % de négatifs. Tandis que la Génération Z affiche une opinion plus partagée sur le sujet. 42 % approuvent cet usage, mais près d’un tiers des répondants disent ne pas être à l’aise avec l’idée que des marques récupèrent des tendances.

Pourquoi ? Principalement parce qu’ils jugent ces démarches souvent inauthentiques ou mal exécutées, révélant une méconnaissance des codes propres aux communautés en ligne.

Utilisation de mème ratée n°1 : Warner Bros

En août 2024, le compte Warner Bros publie une image issue du film Dune 2, accompagné de l’intégration d’un mème populaire, le Stop Fighting Dog. Bien que ce mème ait connu un pic de popularité en juin 2024, son engouement s’était déjà atténué au moment de cette publication.

La réaction des internautes a été unanime. En effet, une avalanche de commentaires moqueurs visant Warner Bros, reprenant généralement ce mème pour fustiger la marque.

De nombreux internautes ont aussi critiqué ce choix de mème, soulignant qu’un personnage emblématique de leurs propres licences d’animation adopte une pose similaire.
Utiliser cette référence interne aurait semblé plus naturel et cohérent.

You OWN Smiling Friends. You can use the ACTUAL DNA egg gremlin. How did you botch this so badly when it was so EASY?

YOU. OWN. SMILING. FRIENDS!!!!!

im 99% sure they dont even know that this meme comes from a show they literally own

Utilisation de mème ratée n°2 : Spotify

En octobre 2024, le mème  « Position of the Day » apparait. Popularisé par la page « SexPositions.Club », il partage des positions sexuelles quotidiennes à essayer avec un partenaire. Ce format, largement détourné avec des variantes absurdes ou humoristiques, a été repris par Spotify.

Cependant, la réaction des internautes a été partagée. Si certains ont trouvé la reprise amusante, une partie plus vocale a critiqué la marque pour cet usage qui semble sortir de nulle part.
Ils estiment que la marque se réapproprie une tendance, en forçant le lien entre le mème et l’identité de la plateforme.

joke ruined

thats it you guys, a brand has come in. its game over

threw up

Utilisation de mème ratée n°3 : Disney+ France

L’exécution la plus maladroite de l’année pourrait être attribuée au compte Disney+ France dans sa tentative de surfer sur le mème I, Robot. Ce dernier exprime un visage sans aucune émotion, sans énergie, que l’on retrouve abondamment dans des édits sur X et TikTok.

Cependant, l’exécution est désastreuse. Disney, propriétaire du film I, Robot, a tenté de s’approprier maladroitement ce mème dans une démarche promotionnelle.  Ce qui a surtout choqué, c’est l’ajout d’une mention revendiquant la propriété de l’image, créant ainsi une rupture totale avec le ton informel et décalé du mème original. Au lieu de susciter l’amusement ou l’adhésion, cette tentative a renforcé la perception d’une entreprise distante et déconnectée des attentes des utilisateurs en ligne.

Au final, la publication de Disney a attiré l’attention des influenceurs et suscité de nombreuses réactions en ligne. Le post de Disney lui a été vue près de 7 millions de vues, mais n’a récolté que 755 likes…

En conclusion, que retenir de ces exemples d’utilisations de mème ratées de la part des marques ?

Les erreurs d’intégration de mèmes peuvent sérieusement affecter la perception des internautes. Bien qu’une grande partie d’entre eux attendent des marques qu’elles réagissent aux tendances, il est nécessaire d’agir avec discernement. Publier un mème pour sembler « à la page » ne suffit pas. Il faut comprendre le mème et qu’il intègre naturellement dans la stratégie de la marque. En outre, imiter les comportements des internautes sans comprendre les mèmes, entraînera un rejet et désintérêt, les poussant ainsi à se tourner vers de nouveaux mèmes.

Détection des Tendances TikTok : Le Cas Picard

Détection des Tendances TikTok : Le Cas Picard

Si l’augmentation rapide de ses téléchargements et de sa renommée est remarquable, la route de TikTok pour se hisser au sommet des réseaux sociaux a été jalonnée de défis, jusqu’à devenir la première application non-Meta à franchir le cap des 3 milliards de téléchargements. Mais ce qui retient particulièrement l’attention, c’est l’intégration de TikTok dans la vie quotidienne des consommateurs, un phénomène que nous nommons aujourd’hui « l’effet TikTok ».

 

Tendances TikTok : un impact important sur l’économie européenne

TikTok a démontré à maintes reprises son rôle significatif dans les phases de découverte, de considération et d’achat auprès des consommateurs. Cet impact économique s’observe tant au niveau des grandes entreprises que des petites et moyennes entreprises (PME). En effet, TikTok a été particulièrement influent pour les PME, ayant contribué 4,8 milliards d’euros aux économies de cinq pays européens majeurs (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas et Belgique) en 2023. Depuis son introduction en Europe en 2018, TikTok a connu une expansion rapide, atteignant plus de 134 millions d’utilisateurs mensuels au sein de l’Union européenne.

En France, son impact a été particulièrement marquant, avec une contribution de 1,4 milliard € au PIB et à 12 500 emplois.

TikTok s’est révélé être un outil essentiel pour les entreprises françaises désireuses de se redresser après les défis engendrés par la pandémie COVID-19, aidant ainsi les entreprises de toute taille à accroître leur visibilité, à se développer et à renouer avec une croissance économique.

 

Le cas Picard : des tendances TikTok à la rupture de stock

Les utilisateurs de TikTok partagent fréquemment des contenus, entraînant un flux continu de produits qui deviennent « la prochaine grande tendance ». Être capable d’identifier un produit, voire un secteur entier, qui devient viral sur TikTok peut entraîner une hausse significative des ventes, une reconnaissance accrue de la marque et même des innovations produits pertinentes. Un enchaînement continu de ces tendances peut également favoriser l’expansion de la marque, la nature virale de la plateforme alimentant sa dynamique de croissance.

En France, Picard en est un parfait exemple, ayant déjà observé une augmentation notable de ses ventes grâce à « L’Effet TikTok » pour divers produits depuis 2021. En écoutant les retombées autour de l’enseigne, on identifie de nombreux cas où des produits ont capté l’attention des utilisateurs de TikTok.

Par exemple, en octobre 2022, TikTok a été essentiel dans le succès fulgurant de la grande madeleine de Picard. Ce produit, qui a rapidement séduit le public, a gagné en popularité grâce à une série de vidéos qui le mettaient en avant. La plateforme étant inondée de contenus “testant” la madeleine, certaines vidéos ont atteint des millions de vues, ce qui a eu un impact direct sur les ventes : la grande madeleine s’est écoulée à un rythme effréné, entraînant des ruptures de stock dans plusieurs points de vente.

La capacité de TikTok à transformer un produit simple, mais de qualité, en un véritable phénomène de consommation grâce à un effet boule de neige est impressionnante. Néanmoins, pour en maximiser les bénéfices, il est essentiel de détecter ces tendances le plus tôt possible. Les exploiter pour optimiser les stratégies marketing et les chaînes de distribution permet à la marque de démultiplier leur impact ; tant sur le comportement d’achat des utilisateurs, qui se précipitent pour acquérir et partager leur expérience, que sur les conséquences après la disparition de la tendance.

 

@poopiblh Réponse à @S`´º Maxi madeleine Géante à partager !! Fourrée caramel beurre salé ✨ #food #dessert #caramel #madeleine #foodies #folie #miam #fyp ♬ son original - Poopi Blh

 

Une Histoire de Fromages : des Opportunités Manquées ?

@simplekeysha Oh mon dieu @Picard Surgelés vous etes trop forts #burrata #foodtok #foodlover #pourtoii ♬ son original - Keysha

Picard a pu tirer parti de la détection d’une tendance sur TikTok avec le lancement de sa gamme italienne « Ciao Italia ». Malgré l’engouement généré autour de cette gamme, nous voyons que l’enseigne a seulement capitalisé sur la visibilité offerte par la viralité d’un des trois produits. La burrata al forno était le produit initialement mis en avant par la marque et est devenue une sensation sur TikTok, grâce à une vidéo virale où la créatrice poopiblh partage son expérience gustative, actuellement visionnée par plus d’un million de personnes. Les contenus liés à ce produit ont généré 1,8 million de vues et 88,7 K de likes, avec plus de 11,5 K de partages et 577 commentaires.

Cependant, la folie autour de la gamme « Ciao Italia » ne s’est pas arrêtée à ce seul produit. Bien que le contenu relatif à la burrata al forno soit très visible, les gnocchis farcis à la stracciatella ont aussi capté l’attention du public. Les vidéos associées à ce produit ont été vus plus de 3,9 millions de fois, engendrant plus de 235,6 K de likes. Cette tendance TikTok a été fortement relayées et commentées : 1,1 K de commentaires et 82,9 K de partages, doublant ainsi les métriques du produit mis en avant par l’enseigne au minimum (vues et commentaires) et obtenant sept fois plus au maximum (likes et partages).

Or ces « gnocchis » n’ont fait qu’une simple apparition dans une des vidéos de l’enseigne, et l’autre produit populaire de la campagne, les boules de mozzarella à la truffe, qui a aussi généré un fort intérêt sur TikTok, n’a pas du tout été exploité.

Ne pas inclure ces produits dans la communication officielle sur TikTok constitue une occasion manquée. Une meilleure mise en lumière des tendances TikTok les plus populaires permet d’amplifier l’enthousiasme autour des produits, maximiser l’engagement des consommateurs et contribuer à l’augmentation des ventes.

 

 

La détection rapide des tendances sur TikTok devient essentielle pour avoir un impact sur votre business

Elle permet aux marques de saisir des opportunités susceptibles d’optimiser leur stratégie marketing et communication multi-canal. Le cas d’étude Picard illustre bien que repérer les tendances est crucial pour mettre en place des actions pertinentes, tant sur les sites e-commerce, dans les points de vente que sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, les retours de la communauté engagée sur TikTok peuvent éclairer le développement des futures campagnes et l’innovation produit. Finalement, la majorité des entreprises et des secteurs ont intérêt à tirer parti d’un dispositif amélioré pour détecter les tendances sur les réseaux sociaux, et particulièrement sur TikTok.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur les dispositifs permettant de détecter des tendances sur TikTok ? Contactez nous !