Character.AI : Droit d’auteur et attentes des utilisateurs

Character.AI : Droit d’auteur et attentes des utilisateurs

L’essor des IA génératives pose de plus en plus de questions sur l’usage légal de données protégées par le droit d’auteur dans l’entraînement de ces modèles. Character.AI, fondée par Noam Shazeer et Daniel de Freitas, deux anciens ingénieurs en machine learning de Google, a été lancée en septembre 2022. Son concept ? Permettre aux utilisateurs d’interagir de manière créative avec des personnages d’IA, en particulier dans les domaines de la fanfiction et du jeu de rôle.

Depuis son lancement, Character.AI a connu une croissance fulgurante : plus de 20 millions d’utilisateurs et environ 169 millions de visites par mois en 2023, une progression dépassée uniquement par ChatGPT. Cette adoption rapide reflète une forte demande pour des expériences immersives de narration. Character.AI, en redéfinissant les interactions au sein des communautés en ligne, s’est affirmée comme une plateforme incontournable, en particulier auprès des 18-24 ans, grâce à des innovations et un engagement solide de ses utilisateurs.

Quand les jeux de rôle deviennent dangereux

Malgré la diversité des usages offerts par Character.AI — de la création littéraire au codage en passant par la traduction —, c’est l’accès à un large éventail de personnages protégés par des droits d’auteur et de figures fictives qui a propulsé sa popularité. Ces personnages, capables de se souvenir des conversations précédentes, ajoutaient une dimension immersive au jeu de rôle, captivant les utilisateurs.

Cependant, la plateforme a rapidement été confrontée à des défis majeurs. Parmi eux, des jeux de rôle romantiques explicites impliquant des mineurs et des questions de droits d’auteur. Ces préoccupations ont atteint un point critique avec l’affaire Sewell Setzer : un adolescent de 14 ans décédé, dont la mère a intenté un procès contre Character.AI, l’accusant de ne pas avoir mis en place des protections suffisantes pour les utilisateurs mineurs, qu’elle tient responsables de cette tragédie.

Le défi des droits d'auteur

Le procès a mis en lumière des préoccupations croissantes quant aux risques de dépendance émotionnelle aux personnages d’IA. Il a également soulevé des questions juridiques complexes autour de la propriété intellectuelle, car Character.AI propose des interactions avec des personnages protégés par des droits d’auteur sans autorisation des ayants droit.

Bien que le cadre légal reste incertain, Character.AI a pris des mesures préventives, notamment en limitant l’accès à certains personnages sous copyright et en supprimant certains profils de son système. Cependant, de nombreux personnages populaires restent accessibles. Par exemple, les bots de personnages emblématiques cumulent des millions d’interactions :

  • Boa Hancock de One Piece : 22,9 millions de chats.
  • Son Goku de Dragon Ball : 30,9 millions de chats.
  • Sasuke Uchiha de Naruto : 47,1 millions de chats.
  • Harry Potter : le bot le plus populaire atteint 50,6 millions de chats.
  • Mikasa Ackerman de Attack on Titan : 52,6 millions de chats.

Ces chiffres illustrent l’attachement émotionnel des utilisateurs à ces personnages, mais posent également la question : jusqu’où peut aller Character.AI dans l’utilisation de contenus sous copyright sans violer la législation ?

Utilisateurs pas si satisfaits

Le subreddit de Character.AI, qui rassemble aujourd’hui 1,7 million d’abonnés, témoigne de l’engagement intense de sa communauté. L’activité y est constante, et les utilisateurs expriment fréquemment leur frustration face à la suppression de certains personnages, particulièrement ceux protégés par des droits d’auteur. Pour beaucoup, ces personnages étaient l’attrait principal de la plateforme.

L’inquiétude va au-delà du simple mécontentement : la communauté espère désormais que Character.AI communiquera à l’avance sur les suppressions futures pour permettre aux utilisateurs de sauvegarder leurs conversations. Ces demandes soulignent l’attachement émotionnel fort des utilisateurs envers leurs interactions avec ces personnages d’IA, un aspect central pour le succès de la plateforme.

Entrer dans le futur

Character.AI évolue dans une zone grise, entre utilisation équitable et violation des droits d’auteur. Plusieurs poursuites ont déjà visé des développeurs pour l’utilisation d’images protégées lors de l’entraînement de modèles d’IA, ce qui laisse penser que les entreprises pourraient bientôt étendre leur surveillance aux données de sortie de ces outils. Pour garantir sa pérennité et sa conformité juridique, Character.AI devra répondre à ces enjeux au fil de son développement.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur comment le grand public utilise l’IA et comment elle affecte les entreprises ? Contactez nous !

Détection des Tendances TikTok : Le Cas Picard

Détection des Tendances TikTok : Le Cas Picard

Si l’augmentation rapide de ses téléchargements et de sa renommée est remarquable, la route de TikTok pour se hisser au sommet des réseaux sociaux a été jalonnée de défis, jusqu’à devenir la première application non-Meta à franchir le cap des 3 milliards de téléchargements. Mais ce qui retient particulièrement l’attention, c’est l’intégration de TikTok dans la vie quotidienne des consommateurs, un phénomène que nous nommons aujourd’hui « l’effet TikTok ».

 

Tendances TikTok : un impact important sur l’économie européenne

TikTok a démontré à maintes reprises son rôle significatif dans les phases de découverte, de considération et d’achat auprès des consommateurs. Cet impact économique s’observe tant au niveau des grandes entreprises que des petites et moyennes entreprises (PME). En effet, TikTok a été particulièrement influent pour les PME, ayant contribué 4,8 milliards d’euros aux économies de cinq pays européens majeurs (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas et Belgique) en 2023. Depuis son introduction en Europe en 2018, TikTok a connu une expansion rapide, atteignant plus de 134 millions d’utilisateurs mensuels au sein de l’Union européenne.

En France, son impact a été particulièrement marquant, avec une contribution de 1,4 milliard € au PIB et à 12 500 emplois.

TikTok s’est révélé être un outil essentiel pour les entreprises françaises désireuses de se redresser après les défis engendrés par la pandémie COVID-19, aidant ainsi les entreprises de toute taille à accroître leur visibilité, à se développer et à renouer avec une croissance économique.

 

Le cas Picard : des tendances TikTok à la rupture de stock

Les utilisateurs de TikTok partagent fréquemment des contenus, entraînant un flux continu de produits qui deviennent « la prochaine grande tendance ». Être capable d’identifier un produit, voire un secteur entier, qui devient viral sur TikTok peut entraîner une hausse significative des ventes, une reconnaissance accrue de la marque et même des innovations produits pertinentes. Un enchaînement continu de ces tendances peut également favoriser l’expansion de la marque, la nature virale de la plateforme alimentant sa dynamique de croissance.

En France, Picard en est un parfait exemple, ayant déjà observé une augmentation notable de ses ventes grâce à « L’Effet TikTok » pour divers produits depuis 2021. En écoutant les retombées autour de l’enseigne, on identifie de nombreux cas où des produits ont capté l’attention des utilisateurs de TikTok.

Par exemple, en octobre 2022, TikTok a été essentiel dans le succès fulgurant de la grande madeleine de Picard. Ce produit, qui a rapidement séduit le public, a gagné en popularité grâce à une série de vidéos qui le mettaient en avant. La plateforme étant inondée de contenus “testant” la madeleine, certaines vidéos ont atteint des millions de vues, ce qui a eu un impact direct sur les ventes : la grande madeleine s’est écoulée à un rythme effréné, entraînant des ruptures de stock dans plusieurs points de vente.

La capacité de TikTok à transformer un produit simple, mais de qualité, en un véritable phénomène de consommation grâce à un effet boule de neige est impressionnante. Néanmoins, pour en maximiser les bénéfices, il est essentiel de détecter ces tendances le plus tôt possible. Les exploiter pour optimiser les stratégies marketing et les chaînes de distribution permet à la marque de démultiplier leur impact ; tant sur le comportement d’achat des utilisateurs, qui se précipitent pour acquérir et partager leur expérience, que sur les conséquences après la disparition de la tendance.

 

@poopiblh Réponse à @S`´º Maxi madeleine Géante à partager !! Fourrée caramel beurre salé ✨ #food #dessert #caramel #madeleine #foodies #folie #miam #fyp ♬ son original - Poopi Blh

 

Une Histoire de Fromages : des Opportunités Manquées ?

@simplekeysha Oh mon dieu @Picard Surgelés vous etes trop forts #burrata #foodtok #foodlover #pourtoii ♬ son original - Keysha

Picard a pu tirer parti de la détection d’une tendance sur TikTok avec le lancement de sa gamme italienne « Ciao Italia ». Malgré l’engouement généré autour de cette gamme, nous voyons que l’enseigne a seulement capitalisé sur la visibilité offerte par la viralité d’un des trois produits. La burrata al forno était le produit initialement mis en avant par la marque et est devenue une sensation sur TikTok, grâce à une vidéo virale où la créatrice poopiblh partage son expérience gustative, actuellement visionnée par plus d’un million de personnes. Les contenus liés à ce produit ont généré 1,8 million de vues et 88,7 K de likes, avec plus de 11,5 K de partages et 577 commentaires.

Cependant, la folie autour de la gamme « Ciao Italia » ne s’est pas arrêtée à ce seul produit. Bien que le contenu relatif à la burrata al forno soit très visible, les gnocchis farcis à la stracciatella ont aussi capté l’attention du public. Les vidéos associées à ce produit ont été vus plus de 3,9 millions de fois, engendrant plus de 235,6 K de likes. Cette tendance TikTok a été fortement relayées et commentées : 1,1 K de commentaires et 82,9 K de partages, doublant ainsi les métriques du produit mis en avant par l’enseigne au minimum (vues et commentaires) et obtenant sept fois plus au maximum (likes et partages).

Or ces « gnocchis » n’ont fait qu’une simple apparition dans une des vidéos de l’enseigne, et l’autre produit populaire de la campagne, les boules de mozzarella à la truffe, qui a aussi généré un fort intérêt sur TikTok, n’a pas du tout été exploité.

Ne pas inclure ces produits dans la communication officielle sur TikTok constitue une occasion manquée. Une meilleure mise en lumière des tendances TikTok les plus populaires permet d’amplifier l’enthousiasme autour des produits, maximiser l’engagement des consommateurs et contribuer à l’augmentation des ventes.

 

 

La détection rapide des tendances sur TikTok devient essentielle pour avoir un impact sur votre business

Elle permet aux marques de saisir des opportunités susceptibles d’optimiser leur stratégie marketing et communication multi-canal. Le cas d’étude Picard illustre bien que repérer les tendances est crucial pour mettre en place des actions pertinentes, tant sur les sites e-commerce, dans les points de vente que sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, les retours de la communauté engagée sur TikTok peuvent éclairer le développement des futures campagnes et l’innovation produit. Finalement, la majorité des entreprises et des secteurs ont intérêt à tirer parti d’un dispositif amélioré pour détecter les tendances sur les réseaux sociaux, et particulièrement sur TikTok.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur les dispositifs permettant de détecter des tendances sur TikTok ? Contactez nous !

Social Data à l’ere des chambres d’écho : Perspective d’une analyste

Social Data à l’ere des chambres d’écho : Perspective d’une analyste

En 2024, l’influence des médias sociaux sur nos comportements ne fait aucun doute. Près de 64% de la population mondiale est active en ligne, évoluant dans un paysage numérique toujours en transformation. L’Insights Analyst joue un rôle crucial : il doit naviguer dans un océan de données issues des réseaux sociaux pour en extraire des informations pertinentes et exploitables, des insights précieux.

Mais attention : depuis le contenu que nous voyons, jusqu’aux commentaires qui apparaissent, les algorithmes qui façonnent nos expériences sur ces plateformes rendent essentiel de regarder au-delà de ce qui est présenté au premier coup d’œil.

 

Le défi des chambres d’écho et des perceptions biaisées

Imaginez-vous dans une salle aux miroirs, où chaque reflet renforce votre propre image. C’est ainsi que fonctionnent les chambres d’écho en ligne. Elles créent un environnement où nos opinions sont constamment amplifiées, donnant naissance à un phénomène psychologique trompeur : l’illusion que nos points de vue sont plus répandus qu’ils ne le sont réellement. Le résultat ? Une « illusion de la majorité » qui peut fausser notre compréhension de la réalité en ligne.

Pour comprendre véritablement le sentiment public, et comprendre les comportements des internautes, il est essentiel de comprendre ce biais des chambres d’écho qui influence l’émergence des tendances. Finalement les internautes analysés évoluent au sein de bulles déjà biaisées. Les analystes ne doivent pas se laisser emporter par ce même biais.

La quête d’une image fidèle des opinions en ligne

Les deux biais cognitifs majeurs sont: « l’illusion de la majorité » et « l’effet de faux consensus ».

L’illusion de la majorité est un phénomène psychologique qui pousse les individus à croire que leurs opinions sont plus partagées qu’elles ne le sont en réalité. Cet effet est renforcé par l’exposition quasi exclusive à des contenus similaires aux nôtres, créant ce que l’on appelle des chambres d’écho. L' »illusion de la majorité » peut fausser notre compréhension, les voix les plus fortes et les plus visibles donnant souvent l’impression d’être majoritaires alors qu’elles ne le sont pas réellement.

Au-delà des contenus que nous voyons dans nos feeds, les algorithmes des plateformes peuvent aussi cibler quels commentaires sont vus au sujet de ce contenu. C’est ce que l’on appelle « l’effet de faux consensus » : il nous conforte dans l’idée que nos opinions sont non seulement valides, mais aussi largement partagées, alors qu’elles sont souvent marginales. Notre dépendance aux réseaux sociaux crée une réalité filtrée par les algorithmes.

Cela peut ainsi donner l’impression aux internautes que certaines opinions ou tendances sont plus répandues qu’elles ne le sont réellement. Parfois un décideur marketing/communication qui n’emploie pas d’outils de social listening peut se retrouver piégé par ces biais.

Face à cette réalité « filtrée » comment obtenir une vision objective des opinions et des tendances en ligne ?

Pour mieux appréhender la perception réelle d’un sujet, qu’il s’agisse d’une campagne, d’un produit ou d’une opinion, il est essentiel de reconnaître que notre vision personnelle du sujet ne constitue pas une image complète ou précise de la globalité du sujet. L’illusion de la majorité peut faire passer n’importe quelle opinion pour une tendance dominante, mais cela ne signifie pas qu’elle reflète l’opinion majoritaire.

En tant que dirigeant d’organisation, ou professionnel des insights, du marketing, de la communication… il est crucial de prendre en compte ce biais, pour

  • remettre en question les récits rencontrés en ligne et rechercher activement des perspectives diverses
  • éviter de considérer chaque tendance sur les réseaux sociaux comme un phénomène culturel global touchant tout le monde.

Les tendances peuvent être utiles pour concevoir des produits ou des campagnes de pub, mais pour les exploiter efficacement, il est nécessaire d’identifier les communautés en ligne spécifiques d’où elles émergent.

Certaines personnes choisissent de garder le silence en ligne sur des sujets controversés, alors que d’autres expriment leur opinion sur des thèmes plus ou moins sensibles. S’appuyer sur un faux consensus est un risque pour les marques. Cela peut rapidement passer d’un simple malentendu à une véritable crise de réputation.

Les dirigeants d’organisations et les professionnels du marketing ne devraient pas supposer que ce qu’ils observent reflète les perceptions de l’ensemble de leur public cible au risque de créer des campagnes qui manquent leur objectif. Pour créer lien authentique avec la cible d’une marque, il est crucial d’aller au-delà des apparences en menant des études approfondies sur les différentes communautés.

Dépasser les chambres d’écho : une méthode holistique 

Pour relever ces défis, j’utilise une méthode en trois volets conçue pour capturer l’essence véritable des discussions en ligne. Il est essentiel de dépasser les chambres d’écho et de combiner différentes sources d’analyse. Voici une méthode structurée en trois volets qui permet de mieux comprendre l’ensemble des conversations et des perceptions :

 

01. Analyse des conversations en ligne :

  • Suivre les tendances dans le temps : identifier ce qui a fonctionné ou non, et pourquoi.
  • Examiner les indicateurs clés : analyser non seulement la portée, l’engagement et le volume de publications, mais aussi le ton, le contenu et les émotions derrière chaque échange.
  • Explorer les données démographiques des auteurs : elles fournissent des informations précieuses sur les communautés liées à des thèmes spécifiques, même si cela ne présente qu’une partie d’un ensemble plus large.

02. Comprendre l’audience et les communautés en son sein :

  • Segmenter pour personnaliser : Utiliser les données comportementales pour adapter vos messages et offres, en créant un lien plus profond avec chaque communauté ou groupe.
  • Identifier les opportunités : En explorant des segments sous-représentés, on peut non seulement étendre la portée mais aussi innover en fonction des attentes spécifiques de ces publics.
  • Renforcer la fidélité : Une approche granulaire et ciblée vous permettra d’améliorer la pertinence de vos contenus et de bâtir une communauté fidèle autour de votre marque.

03. Exploiter les modèles de recherche :

  • Anticiper les besoins non exprimés : Analyser les comportements de recherche (sur les moteurs de recherche) pour détecter les lacunes dans votre offre ou les questions non résolues.
  • Comprendre les « audiences silencieuses » : Ces consommateurs qui interagissent peu ou pas avec la marque, mais qui recherchent de l’information sur les moteurs, peuvent fournir des informations essentielles sur leurs préoccupations et leurs attentes.
  • Etre proactif : Exploiter ces insights permet d’anticiper les tendances émergentes et de prendre des décisions stratégiques avant vos concurrents.

Nous sommes convaincus que c’est en combinant ces 3 approches de manière holistique que l’on peut obtenir la vision la plus complète

L’équilibre est la clé. En combinant une vue d’ensemble des internautes avec une analyse fine des personnalités en ligne – y compris les discussions, les communautés, et les recherches – tout en tenant compte du contexte du monde réel, nous pouvons obtenir une image plus précise de la réalité des consommateurs et des parties prenantes.

Cette approche holistique permet d’aller au-delà du bruit généré par les groupes les plus visibles en ligne. Elle offre aux marques la possibilité de se connecter avec les audiences silencieuses, dont les voix sont souvent noyées dans le tumulte des médias sociaux.

En fin de compte, c’est cette compréhension nuancée et contextualisée qui permet aux marques de développer des stratégies qui résonnent véritablement avec leur public, tout en naviguant habilement dans les eaux parfois troubles des médias sociaux.

 

Si votre marque souhaite une vue équilibrée et complète des sujets d’intérêt affectant son organisation, et qui reflète mieux la complexité et la diversité de l’expérience de ses communautés en ligne, vous pouvez nous contacter. Nous proposons un accompagnement de vos équipes d’experts en appliquant notre approche holistique.

Quand tout bascule : étude du cas Balenciaga sur la gestion de crise en ligne

Quand tout bascule : étude du cas Balenciaga sur la gestion de crise en ligne

Dans l’ère digitale actuelle, la réputation en ligne d’une marque peut être son atout le plus précieux ou sa vulnérabilité la plus exposée. La rapidité avec laquelle l’information circule sur les réseaux sociaux signifie que chaque entreprise est susceptible de faire face à une crise de réputation en ligne sans pouvoir faire preuve de réactivité suffisante. Dans cet article, nous ferons l’autopsie d’une crise réputationnelle d’envergure qui a marqué au fer rouge la marque Balenciaga. Puis nous en tirerons les enseignements clés en gestion de crise : quels sont les outils et les dispositifs pour se préparer à faire face au mieux à une crise réputationnelle ?

Autopsie d’une crise : d’un signal faible à une crise majeure pour Balenciaga

Le 14 novembre 2022, Balenciaga quitte Twitter après le rachat du réseau social par Elon Musk.

Six jours plus tard, le 20 novembre, une internaute s’interroge sur la présence d’enfants jouant avec des peluches habillées en tenues bondage. Les premiers commentaires, constitutifs d’un signal faible, présentaient déjà un caractère crisogène, de part la nature du débat. La marque jouait depuis longtemps avec un marketing « controversé » et avait déjà subi les effets d’une crise de moindre ampleur suite à la sortie de ses sneakers de SDF.

Le point d’infection de cette crise commence à ce moment là. Pendant 24h, les internautes ont passé au peigne fin les précédentes campagnes de Balenciaga. La crise de réputation se dessinait.

 

 

 

 
 
 
 
Timeline de la crise Balenciaga en novembre 2022. Crise de réputation, Gestion de crise. Analyse.

Et ils ont trouvé des éléments troublants : le 21 novembre, des documents à propos de pornographie infantile trouvés dans des shoots de leur campagne en collaboration avec Adidas ont été partagés. L’effet boule de neige a continué. Le 23 de novembre, le livre de l’artiste controversé, Michael Borreman, a été identifié sur une autre campagne de la marque. Face au scandale grandissant, Kim Kardashian a pris la parole le 28 novembre pour dire qu’elle allait réévaluer sa relation avec la marque suite aux fortes critiques de ses fans.

Face au scandale, Balenciaga publie un communiqué dans ses stories Instagram et supprime ses posts le 28 novembre.

Le 2 décembre, Demna, le DA de la marque, publie ses excuses sur son Instagram.

Mais lorsqu’un sujet aussi sérieux que la maltraitance sur mineurs est évoquée, les réactions du grand public sont forcément à la mesure. Par conséquent, ce n’est pas surprenant que les internautes aient considéré les réponses des médias, des personnalités publiques et de la marque comme insuffisantes.

Cette crise Balenciaga a fait perdre perdre 55,2 K followers au compte Instagram de la marque en une seule journée, alors que la tendance de recrutement était à la hausse. La performance business de Balenciaga a subi l’indignation du public comme le révélait les résultats Q4 2022 du rapport de Kering.

Un an plus tard, les conséquences se font encore ressentir puisque les répercussions du scandale publicitaire Balenciaga se sont étendues bien au-delà de la controverse initiale. La participation de Demna, le DA de la marque, a certains awards a été annulée et des devantures de magasins ont été dégradées. Une partie du public réclame à la marque un investissement dans des actions de défense des droits des enfants. La marque n’a pas réussi à revenir au niveau de performance d’avant novembre 2022.

Gestion de crise : quels sont les outils et les dispositifs pour se préparer à faire face au mieux à une crise réputationnelle ?

 

01. Élaboration d’un plan d’action préventif : un système d’alerte

Anticiper une crise de réputation en ligne implique d’avoir un plan d’action clair en place. Balenciaga aurait pu identifier à l’avance des scénarios potentiels et élaborer des stratégies de communication pour faire face à chaque situation. Il convient donc d’avoir un bon outil de détection des mentions, et de le configurer pour identifier certains éléments déclencheurs. La marque ayant pour habitude de jouer avec le scandale et les controverses, des commentaires au sujet d’enfants associés à du BDSM aurait pu être anticipés au moment de la conception de la campagne, quelques semaines/mois avant son lancement, puisque tous les éléments y étaient dans le visuel de campagne.

02. Comprendre les signaux précurseurs : mise en place d’une veille

Une fois les scénarios potentiels imaginés et les stratégies de communication pour faire face à chaque situation élaborés, un dispositif de veille est essentiel pour l’identification de signaux faibles ou précurseurs à un des scénarios imaginés. Le dispositif de veille a pour objectif la surveillance constante des médias sociaux, des forums, des blogs et des sites d’actualités. C’est le moyen le plus efficace être réactif, et pouvoir réagir avec une stratégie pré-établie.

03. Percevoir les ressentis émotionnels : analyse d’opinion

La compréhension du sentiment en ligne est cruciale pour évaluer l’opinion. Les émotions des internautes peuvent évoluer rapidement, et la capacité de percevoir ces changements est essentielle. Dans le cas de la crise Balenciaga, le tout premier post associant des enfants à la pratique BDSM revêt d’un caractère crisogène important.

04. La crise se dessine, faut-il réagir, et si oui, comment ?

Si la crise frappe, alors il convient de se poser la question de réagir ou non. Car oui, parfois, réagir peut provoquer l’effet Streisand, un phénomène médiatique involontaire. Si la réaction s’impose, alors, l’approche qui consiste à adopter la transparence la plus totale est toujours la meilleure, car le scepticisme du public peut mettre de l’huile sur le feu. Ici, Balenciaga réagit 8 jours après le premier signal faible, mais 8 jours intenses de controverses importantes, à des volumes de conversations inégalés. Demna, lui, s’excuse publiquement 12 jours plus tard. Mais c’est trop tard, la machine médiatique est lancée, et le public s’en souvient encore 1 an après.

Les systèmes d’alerte sont cruciaux pour la gestion proactive de votre réputation, et une stratégie de réaction est aussi nécessaire 

 

Surveiller et mesurer la réputation d’une marque est cruciale pour sa croissance. Il est essentiel d’être outillé et d’avoir les ressources pour être réactif et proactif face aux informations et commentaires préjudiciables.

Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle : tout ce qui est dit ou fait peut finir par être en ligne et y rester. Cela signifie qu’il est possible de détecter rapidement une crise liée à l’image d’une marque, mais qu’il est possible que cela reste et se rappelle aux bons souvenirs du public.

S’il est possible de détecter rapidement une crise en ligne, il ne suffit pas d’avoir des bons outils pour être alerté, il convient de s’y préparer en amont : dessiner les scénarios catastrophe pour paramétrer correctement les outils, et concevoir les stratégies de communication pour y répondre efficacement pour faire retomber le soufflé. La détection précoce des crises potentielles est généralement liée à une approche qualitative du suivi par des analystes experts, qui complète l’approche purement quantitative.

Si votre marque est confrontée à de la gestion de crise provenant des communautés en ligne, vous pouvez nous contacter. Nous proposons un accompagnement expert de vos équipes communication/RP en appliquant l’approche exposée ci-dessus.

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

« Girl Math » sur TikTok : le rapport à l’argent de la Gen Z

Après avoir été exposés aux vidéos « girl dinner » dans votre timeline TikTok, vous avez certainement vu des vidéos « girl math » : une méthode de calcul pour justifier des achats importants ou superflus. Explications.

Les principes de calculs expliqués dans les vidéos “girl math” peuvent paraître farfelus.

 

Ils combinent des logiques pour démontrer que certaines dépenses peuvent être considérées comme gratuites, par exemple

  • Un achat de mois de 5 € est « pratiquement gratuit ».
  • Un achat fait avec un billet retrouvé par hasard au fond d’un sac est « techniquement gratuit », puisque qu’il n’y a aucune écriture sur le compte courant.
  • Une dépense faite avec des cartes prépayées est gratuite, pour la même raison que précédemment.

En théorie.

Ces logiques reposent sur 3 principes économiques :

  • Le « coût par usage » (coût réel d’un article en fonction aux fois qu’il sera utilisé) qui est un des éléments clés à considérer dans le choix d’un achat.
  • Les « coûts irrécupérables » (payés définitivement, non remboursables, ni récupérables) qui peuvent nous pousser à poursuivre des décisions qui ne pouvaient être rentables.
  • Le « coût prospectif » (lié aux gains ou pertes que peuvent être modifiés si une mesure préventive est prise) qui pourrait être utilisé soit pour justifier des dépenses excessives, soit pour faire des économies

Des contenus destinés à se moquer du stéréotype patriarcal.

 

Ces méthodes de calculs expliquées en vidéo avec des exemples sont une façon de dénoncer le stéréotype patriarcal selon lequel on ne peut pas faire confiance à une femme pour gérer un portefeuille, puisqu’elles inventent des calculs irrationnels. La plupart des créatrices de contenus usent du second degré, et ne se prennent pas au sérieux. C’est leur façon de dénoncer le sexisme sur ce sujet de la gestion du porte-monnaie.

Ce décalage peut ne pas être compris, et renforcer ainsi les stéréotypes misogynes lorsque les vidéos sont visionnées sans avoir connaissance du contexte. Évidemment, ces contenus pris au pied de la lettre peuvent déstabiliser ou indigner, mais il n’y a pas matière à s’alarmer selon Dan Egan, vice-président de la finance comportementale et des investissements chez Betterment.

D’après lui, dans la réalité, les vidéos « Girl Math » représentent le type de comptabilité mentale que beaucoup de gens font (y compris les hommes) pour compartimenter ses décisions financières.

L’intérêt autour des termes « Girl math » sur Google (Monde)

Tendance de recherche des termes "Girl Math" sur Google

L’intérêt autour du hashtag #GirlMath sur TikTok (Monde)

#GirlMath tendance sur TikTok

« Girl Math » nous aide à nous libérer de la culpabilité liée à nos dépenses…

 

Ces créatrices de contenus ont une formule qui marche. En pointant du doigt les achats irrationnels et spontanés avec une ironie qui permet de dédramatiser, la crainte du jugement d’irresponsabilité budgétaire est levée. Cet humour léger sur l’introspection face aux hésitations et considérations de l’acte d’achat pourrait s’étendre à d’autres moments de consommation.