
Tendance « No-Buy » : la consommation à l’ère de la modération
Sur TikTok, le défi « No-Buy » explose. Mais au-delà de la tendance massive, c’est toute une philosophie d’achat qui prend racine. Consommer moins, consommer mieux : une prise de conscience collective s’impose, et les marques doivent s’y adapter.
Du défi personnel à un mouvement global
L’idée n’est pas neuve : dès 1992, le Canada organisait une « Journée sans achat ». Mais en 2025, la mécanique prend de l’ampleur. Sur les réseaux sociaux, TikTok en tête, le No-Buy Challenge se structure : une année sans achat non essentiel. Et cette fois, le phénomène semble durable.
Pourquoi maintenant ? Parce que trois grandes forces convergent :
- Pression économique : l’incertitude reste forte malgré une croissance modeste à 2,8 %. Plus de la moitié des économistes prévoient un affaiblissement mondial en 2025.
- Discipline financière : les jeunes, initiés à la gestion budgétaire sur TikTok dès 2020, poussent la tendance. En 2022, 58 % des 18-24 ans au Royaume-Uni suivaient des créateurs de contenu sur la finance.
- Envie d’agir pour la planète : 75 % des utilisateurs interrogés par Unilever en 2023 affirmaient modifier leurs comportements après avoir vu du contenu sur la durabilité.
Des forums Reddit aux pics de recherche Google
La communauté No-Buy la plus active reste r/MakeupRehab (158 000 membres), initialement centrée sur la beauté et la lutte contre les achats compulsifs. Mais en 2025, la tendance dépasse ce cadre : les motivations sont plus larges, tout comme les secteurs concernés. Le subreddit r/nobuy, passé de 6 800 membres fin 2019 à 66 000 en février 2025, en témoigne. Entre janvier 2024 et janvier 2025, les mentions de « 2025 » y ont bondi de +90 %, reflet d’un débat désormais focalisé sur la préparation du défi annuel.
La tendance infuse aussi les comportements de recherche : +45 % de requêtes liées au défi No-Buy sur Google fin 2024 aux Etats-Unis, avec des pics records entre novembre et février (+474 % sur deux mois). Pour la première fois, les recherches de février dépassent celles de janvier: la hausse annuelle du volume de recherches est passée de 8 % en 2023 à 45 % en 2024.
Entre novembre et février, les recherches liées au No-Buy ont bondi : +474 % entre novembre et décembre, +22 % en janvier 2025, puis +78 % en février. Pour la première fois depuis 2022, février dépasse janvier, lui-même déjà supérieur à décembre. Un signe clair d’un intérêt croissant et soutenu.
Moins de biens, plus de sens
Si les États-Unis portent la tendance, elle s’internationalise en 2025 : Indonésie, Europe… Dans les pays les plus touchés par l’inflation, l’approche séduit : une consommation recentrée sur les besoins essentiels (alimentation, santé, épargne), au détriment des achats impulsifs.
Les catégories les plus touchées sont les biens et services non essentiels : mode, beauté, électroménager, décoration, restauration rapide… Même les livres et les plantes sont concernés. En parallèle, les marchés de seconde main et de location profitent de cette bascule vers la durabilité et la frugalité choisie.
Le défi encourage à réallouer les dépenses vers l’essentiel (alimentation, santé, services, épargne) tout en stimulant le marché de la seconde main. Il traduit aussi une préférence grandissante pour les expériences plutôt que les possessions.
Pour les marques, l’intentionnalité est le nouveau luxe
Le défi No-Buy 2025 pourrait bien s’inscrire dans la durée et dépasser le cadre d’une simple effet de mode : il incarne une remise en question profonde de la consommation, au profit de la prudence financière et de l’intentionnalité. Son impact économique dépendra de l’adhésion, mais ses effets sur les habitudes pourraient être durables. Pour les marques, c’est un signal clair : innover, miser sur la transparence et la durabilité n’est plus une option, mais une condition pour rester pertinentes face à des consommateurs plus exigeants.
Opportunités d’Innovation et d’Adaptation
Le mouvement No-Buy 2025 est un signal faible devenu fort. Il ne s’agit plus de simples résolutions personnelles mais d’un changement culturel profond. C’est une opportunité (et une urgence) pour les marques de repenser leurs offres, leur communication et leur rôle.
Bien que cela représente un défi, c’est un terrain fertile pour l’innovation. À mesure que les valeurs évoluent, l’importance accordée aux produits durables et réparables ne cesse de croître chez les consommateurs.
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