#NSDirect l’analyse big data des trolls, militants et citoyens

#NSDirect l’analyse big data des trolls, militants et citoyens

Mercredi 13 mai, Nicolas Sarkozy lance une campagne Twitter avec l’objectif de dynamiser sa présence sur les médias sociaux. La campagne s’inspire du format classique question/réponse déjà employé par les stars du web  (exemple de Norman ou EnjoyPhoenix). Cette opération promettait un dialogue direct entre l’ancien président de la république et les citoyens français. Sur quatre jours, il y a eu 114 563 tweets contenant le hashtag #NSDirect.

Alors que beaucoup d’articles sont parus au sujet des tweets de trolls à l’encontre de Nicolas Sarkozy et l’approche de son équipe digitale, il était intéressant de se pencher sur l’ensemble des questions destinées à #NSDirect. En effet une grande part des tweets mis en avant par les médias ou les partis politiques n’étaient pas un reflet de cette opération de communication. Nous avons notamment observé que parmi les trolls et les militants UMP, des français sont montés au créneau pour participer à l’opération #NSDirect et poser leurs questions.

L’étude des tweets #NSDIRECT permet de les classer dans plusieurs catégories:

graphique ns direct

Trolls / lol : la quête du Retweet

Dans cette catégorie ce sont majoritairement des tweets recherchant une réaction de la part des internautes plutôt qu’une réponse sérieuse. Nicolas Sarkozy a tout de même répondu à des questions (légères et non-menaçantes) de cette catégorie, une sur l’arrivée de Pogba au PSG et une sur la télévision de son fils.  

Militants UMP : la recherche du contre-feu

Les militants ont publié deux types de tweets, ceux cherchant à contrer le bruit des trolls et ceux félicitant le président de l’UMP pour son opération.

Politique : Des questions sur le programme qu’espéraient les équipes de Nicolas Sarkozy ?

Ces tweets interrogent Sarkozy sur son opinion sur la gouvernance actuelle, sur son programme et sa candidature. Les questions se repartissent sur trois categories : securité/immigration, economie/chomage et politique etrangere.

13% de tweets est une part de voix faible et ne serait pas satisfaisante dans le cadre d’une campagne de marque. C’est tout de même 130 000 questions. Preuve que Twitter peut servir de terrain de communication digitale aux politiciens.

Affaires : Une frustration restée sans réponse.

24% des tweets font références aux affaires en cours (Bettencourt, Khadafi, Bygmalion…) et sont distincts des trolls car ils ne posent pas les questions avec un effet comique ou provocateur. Cette donnée est au minimum un signal pour les prochaines confrontations digitales de Nicolas Sarkozy. Beaucoup d’internautes vont continuer à insister sur ces sujets.

Objectif : Atteindre le niveau de la campagne digital d’Obama.

Enfin, il  y a un parallèle à établir avec le AMA Reddit de Barack Obama. Cette interview participative sur Reddit avait fait le tour du monde en 2012. D’une part, elle a joué un rôle clé dans la campagne de mobilisation des électeurs démocrates. D’autre part, elle a contribué à l’image d’un président connecté et prêt à investir des territoires de communication nouveaux et risqués. Ce modèle inspire probablement les équipes de campagnes des différents candidats aux présidentielles de 2017.

Social War Room, un outil pour les CEO

Social War Room, un outil pour les CEO

Target a un nouveau CEO, Brian Cornell. Cet ancien de PepsiCo  est en poste depuis août 2014. Il a accepté cette mission avec l’objectif de relancer la troisième enseigne de grande distribution des Etats-Unis et reconstruire la réputation du groupe. Un portrait sur Fortune témoigne de ses mesures phares avec par exemple, la mise en exergue d’une Social War Room et une utilisation quotidienne dans le social media monitoring. Cette mesure symbolise le changement que Brian Cornell apporte à Target.

Reconstruire la réputation de Target

Fin 2013, Target a été victime d’un immense piratage où 40 millions de carte bleues ont été dérobées. Brian Krebs, un journaliste expert en sécurité informatique, avait dévoilé l’existence de cette attaque informatique. L’annonce avait ensuite viralisé sur les médias sociaux. Target avait maladroitement joué la défensive en minimisant les conséquences et sous-estimant le besoin d’information des clients/victimes qui se plaignaient en ligne. Cela a coûté 148 millions de dollars en réparation, une chute de 6% du prix de l’action au moment de l’annonce et une baisse de fréquentation des magasins en 2014.

Pour ne plus se faire surprendre, Brian Cornell a continué de développer la Social War Room (aussi appelée Social Media Command Center) au siège de Target et lui a donné un rôle central. Il s’y rend tous les matins et demande un rapport deux fois par jour.

targetcommandcenter

Avec cette mise en valeur de l’écoute des réseaux sociaux, Target rempli deux objectifs : premièrement, les crises venant du digital ne prendront plus Target de court. Deuxièmement, la chaîne envoie un signal fort sur sa volonté d’approfondir sa relation et la compréhension des attentes clients. Ces efforts servent le CEO et sa reconstruction de la réputation de Target.

Une tendance chez les grandes marques

Les social war rooms au sein des entreprises sont encore des outils de communication efficaces qui impressionnent les médias. Dans les entreprises notables, Gatorade (PepsiCo) avait dégainé en premier en 2010.

En 2012, Nestlé élève le niveau en communiquant sur une « Digital Acceleration Team » basée au siège. De plus, la marque formerait les employés au digital depuis une salle de contrôle similaire.

Ne négligez pas l’ingrédient clé : l’humain

Finalement, ces salles de contrôle sont de bons moyens de communiquer en interne et en externe sur la volonté d’écouter et digitaliser l’entreprise. Le risque est ici de voir ces centres de commande ne devenir que des objets de communication. Combien de salle de contrôle seront progressivement abandonnées une fois l’effet d’annonce passé ? L’ingrédient clé du succès d’une social war room se trouve dans les personnes à sa tête : compétence et qualité du travail des analystes, veilleurs et community managers derrière ces écrans. Leur rôle sera d’assurer la veille en continu et diffuser en interne tous les insights pertinents aux dirigeants, aux équipes marketing, communication, RH etc. Disposer des meilleurs technologies est certes utile, mais encore faut il savoir les utiliser à bon escient et efficacement.

« Topic Data », le vrai-faux firehose de Facebook

« Topic Data », le vrai-faux firehose de Facebook

Mardi 10 mars, une annonce Facebook a fait l’effet d’une bombe dans la communauté marketing et l’industrie du social media intelligence. Facebook ouvre son firehose !

Facebook s’allie en effet avec Datasift pour lancer « Topic Data » et donner un accès à certaines informations sur les statuts Facebook de leurs utilisateurs. Nous nous sommes penchés sur la nouvelle et l’avons décortiquée pour vous. Elle se décompose notamment en deux éléments, la notion de « firehose » et les résultats à attendre de « Topic Data ».

 

Un Firehose ? Qu’est-ce que c’est ?

Le terme « Firehose » nous vient de Twitter. En 2010, Twitter a décidé de commercialiser l’accès aux tweets via leur API.

Trois options sont alors possibles :

  • Spritzer : Un accès gratuit à environ 1% des tweets, via l’API publique.
  • Gardenhose : Un « tuyau de jardinier » pour capter entre 10 et 20% des  tweets, via une API délivrée par Twitter au cas par cas.
  • Firehose : Un accès à 100% des tweets publiques (soit 500 millions de tweets par jour) en temp réel. Cette « lance à incendie » coûte $1 pour 1 000 tweets.

Trois sociétés spécialisées se sont vite démarquées en achetant l’accès au Firehose et en proposant de le revendre : Gnip (racheté par Twitter), Topsy (racheté par Apple) et Datasift (assailli de rumeurs d’acquisition). Datasift est partenaire avec la majorité des médias sociaux pour proposer un accès aux API de Twitter, Reddit, WordPress, Tumblr, Wikipedia, Youtube, IMDb etc… ces API sont des briques indispensables pour faire de la veille sur les médias sociaux. Et jusqu’à présent Facebook ne donnait un accès qu’aux pages et groupes publiques.

 

 Topic Data de Facebook : des données anonymisées

L’annonce de « Topic Data » promet de pouvoir tirer des insights sur les 1.3 milliards d’utilisateurs Facebook. Il suffit d’entrer des requêtes sur le nom de marque ou n’importe quel mot-clé pertinent pour ensuite obtenir des données anonymisées sur le sujet. Les données sont livrées par Facebook à Datasift qui les redistribue à ses clients. Facebook et Datasift ont travaillé avec Privacy by Design, une organisation gouvernementale canadienne dédiée à l’anonymisation des données afin de protéger la vie privée de leurs utilisateurs. Cette option permet à Facebook de puiser dans l’immense majorité des statuts/photos ou vidéos que ses utilisateurs publient en privé, tout en gardant leur anonymat.

Ces règles du jeu contraignent donc l’industrie à changer certaines pratiques, sur le plan de l’analyse mais également sur le degré de confiance à accorder aux insights.

Firehose pic

 

Les limites du vrai-faux Firehose

Étant donné que l’accès a « Topic Data » est limité, on ne peut réellement pas l’appeler un « Firehose ». Nous notons les quelques limites qui méritent d’être énoncées :

  1. Pas d’accès aux données brutes :   Les données ne donneront que des chiffres et peu de détails sur le contenu réel. Si vous avez déjà fait un export Excel des analytics d’une page Facebook, attendez vous au même principe.
  2. La Boîte noire : En l’absence de données brutes,  il faut faire confiance à Facebook pour filtrer le bruit, le spam, le faux… mais aussi pour assurer un niveau de qualité dans l’analyse du texte. En janvier Facebook a fait l’acquisition de Wat.ai des spécialistes en « Natural Language Processing », donc on peut espérer un taux de fiabilité habituel, soit autour de 75%. Par exemple, en cas de mauvaise qualification automatisée de l’ironie, il sera impossible d’estimer ou rectifier des erreurs à la main.
  3. Absence d’archives : La data n’est disponible que sur 30 jours glissant et ne permet pas de consulter le passé. Cette limite complique l’analyse des saisonnalités ou la détection des tendances et signaux faibles.
  4. 100 personnes minimum : Si la marque ou le marché est trop petit et insuffisamment mentionné, Facebook ne livrera pas de données afin de ne pas compromettre l’anonymat des utilisateurs.
  5. Données uniquement disponibles sur les US et UK : Ces marchés sont plus matures sur le sujet et sont naturellement les premiers à bénéficier de Topic Data. Il s’agit néanmoins d’un déploiement progressif, les autres pays et langues devraient suivre.

Nous voyons ici une limitation technologique qui peut poser problème. Un simple accès à un dashboard ou à un outil de veille n’est pas suffisant. Il s’agit également de s’assurer de la véracité de la donnée et de combler les lacunes des outils par de l’analyse humaine. Nous avons déjà des approches et méthodologies qui permettront de faciliter la compréhension et la contextualisation du sujet.

Si vous voulez plus de détails sur les données disponibles dans l’API, cliquez ici.

 

Des opportunités dans la Social TV ?

Pour conclure, plusieurs industries vont pouvoir bénéficier de Topic Data. Par exemple, la social TV voit un nouveau monde d’opportunités s’ouvrir ! Les français sont nombreux à commenter les émissions de TV en direct de leurs statuts Facebook. En analysant ces données les émissions pourront adapter leur contenu, jauger les audiences intéressées et également estimer l’impact de « bad buzz » perçus sur Twitter mais pas forcément ailleurs. Nielsen Twitter TV Ratings aura des sources complémentaires de données à apporter aux acteurs de la Social TV.

Facebook Topic Data est une progression intéressante pour notre secteur et va fournir des insights intéressants aux entreprises souhaitant toujours mieux comprendre leurs clients, leur marché et leurs parties prenantes. Les limites de Topic Data ne seront que technologiques et pourront être ménagées par de bons analystes.

Nationwide : la pub choc qui a gagné le Superbowl

Nationwide : la pub choc qui a gagné le Superbowl

Alors que les publicitaires pensaient avoir trouvé la bonne recette pour cartonner au Superbowl, Nationwide a fait tout le contraire. Après le match, c’est la marque d’assurance Nationwide qui se place en haut du classement des marques les plus évoquées sur le web pendant cette soirée avec 238 000 mentions, devant les 225 000 de Budweiser .

La formule préconisée par les agences est la suivante :

1. Publication de la pub en amont sur Youtube (entre 2 et 7 jours avant)
2. Seeding via les comptes sociaux
3. Activation RP et RP 2.0
4. Realtime marketing pendant le SuperBowl avec une équipe aux aguets
5. Interaction avec les autres marques sur Twitter

Mais Nationwide a fait différemment. Avant le Superbowl ils n’ont pas posté la pub sur Youtube, ils n’en ont parlé à personne ni fait de teasing sur les médias sociaux. Voici leur pub qui a marqué les esprits :

On joue sur l’aspect choc et morbide complètement à contre-pied de l’état d’esprit des autres publicités. Nationwide a décidé de ne pas dévoiler ce spot sur les accidents domestiques avant le match. Contrairement à la publicité contre la violence domestique de la NFL qui cherchait aussi le choc émotionnel, sa diffusion anticipée a réduit son impact sur le public américain. Plusieurs journalistes se sont même émus du fait que la magie des pubs du SuperBowl avaient disparu.
Cette formule choc comporte aussi un risque, qui pose la question du prix à payer quand on cherche à choquer. D’après Amobee une société d’analytics américaine, 64% des mentions de la pub Nationwide étaient négatives… la recherche de l’émotion a un prix. Effet supplémentaire, les internautes ont publié des mèmes avec le jeune garçon de la pub.

nationwide tweet

 

Aujourd’hui, NationWide a déclaré au Wall Street Journal qu’ils assumaient l’aspect choc de la publicité et se félicitaient d’avoir lancé une conversation nationale sur les accidents domestiques qui touchent les enfants.

Etude Instagram : les marques s’installent.

Etude Instagram : les marques s’installent.

Simply Measured a récemment proposé une étude sur l’usage d’Instagram par les 100 premières marques du classement Interbrand (Best Global Brands). Pour mémoire, ce classement regroupe des géants du high-tech tels qu’Apple, Google, Microsoft, mais aussi de l’industrie automobile comme BMW, Mercedes ou encore d’autres secteurs avec la présence d’Ikea, Pampers, Colgate, Nescafe…

L’étude reflète sans surprise la vitalité du réseau social lancé en 2010. Acheté par Facebook en 2012, Instagram possédait alors plus de 100 millions d’utilisateurs. Aujourd’hui, la plateforme compte 300 millions d’utilisateurs actifs mensuels et chaque jour plus de 2.5 milliards de likes et 70 millions de photos mises en ligne. Des statistiques qui attirent prêt de 90% des marques du classement Interbrand. L’étude porte sur plus de 6 000 posts, 129 447 565 likes et 1 414 536 commentaires récoltés au cours du quatrième trimestre 2014 parmi les comptes des marques étudiées.

Instagramstudy

Présence et activité des marques sur Instagram

Des marques toujours plus présentes et actives.

A la fin du 3ème trimestre 2012, 13 des 100 « Best Global Brands » possédait plus de 100 000 followers, elles sont aujourd’hui 42. Ces marques sont également de plus en plus actives. Les ¾ d’entre elles publient au moins une photo par semaine. Ces marques ont donc pleinement adopté Instagram. Cette situation conduit à un cercle de croissance vertueux. Plus les marques sont actives sur le réseau plus elles génèrent de l’engagement. Les utilisateurs deviennent alors de plus en plus à l’aise et familier avec les contenus proposés par ces dernières.

Un réseau social éphémère ?

Malgré un nom qui évoque l’instantanéité, l’étude montre qu’Instagram est un réseau social aux contenus qui s’inscrivent aussi dans la durée. Une occasion pour la plateforme de se distinguer de ces concurrents, Twitter et Snapchat en tête. Les publications les plus performantes sur Instagram ont généralement une durée de vie élevée. Ainsi, les posts proposés par les marques du classement Interbrand récoltent en moyenne 225 commentaires dont 50 % sont posté dans les 10 premières heures. Les postes les plus performants, quant à eux, atteignent 50% de la totalité de leurs commentaires dans les 19 heures qui suivent leurs publications. En naviguant à travers les différents comptes, les utilisateurs sont amenés à remonter le fil des publications et donc d’interagir avec l’historique des publications. Ces données permettent de comprendre comment se construit la valeur des contenus délivrés sur Instagram. Il est important d’envisager des stratégies de contenus n’étant pas uniquement basé sur l’instantanéité pour exister sur la plateforme.

Mettez en valeur l’identité visuelle de votre marque.

L’étude s’intéresse également à la variété des secteurs présents sur le réseau. Si les marques issues de l’industrie des médias sont les plus actives, elles ne génèrent pas plus d’engagement par publications que les marques des autres secteurs. Le rapport de Simply Measured nous apprend également que 100% des « Best Brands » issues de l’industrie automobile possède un compte sur Instagram. Ce pourcentage est aussi élevé pour les marques issues du luxe, de la restauration, du prêt-à-porter, de l’énergie… L’étude démontre que, quel que soit votre secteur ou la perception que vous ayez de votre marque, il ne faut pas hésiter à être présent sur Instagram. En effet, le réseau est suffisamment vaste et actif pour accueillir toutes les marques même si ces dernières n’ont pas de représentation visuelle évidente. Alors que l’image prend de plus en plus de place sur la toile, être présent sur Instagram permet notamment aux marques de travailler leurs représentations.

Compte Instagram de Siemens

Compte de Siemens

Compte Instagram John Deere

Compte de John Deere

 

Compte Instagram de Fedex

Compte de FedEx

Enfin en guise de conclusion, l’étude livre une To-do list pour ceux et celles qui souhaiteraient être présents sur le réseau :

1 – Publié au minimum une fois par semaine.
2 – Trouver son rythme de publication grâce à la pratique et l’expérience.
3 – Ne pas se priver d’une présence sur Instagram car sa marque n’a pas d’identité visuelle évidente.
4 – Attacher plus d’attention à la qualité du texte accompagnant chaque photo que leur longueur.
5 – Utilisé les « @ » le plus possible.
6 – Utilisé les hashtags pour faciliter la découverte de votre compte.
7 – N’hésitez pas à expérimenter la géolocalisation qui est encore sous exploité.

 

L’étude est accessible sur le blog de Simply Measured.