Écosystème chinois, usages globaux : les diasporas au cœur du digital

Écosystème chinois, usages globaux : les diasporas au cœur du digital

La diaspora chinoise navigue entre deux mondes numériques : les réseaux occidentaux pour partager leur quotidien et WeChat pour maintenir les liens communautaires et familiaux. Véritable écosystème, WeChat illustre la puissance des géants chinois (Tencent, ByteDance, Baidu) qui intègrent toujours plus d’IA dans leurs services. Ces usages hybrides façonnent une communication transnationale où circulent codes culturels, traditions et tendances. Comprendre les dynamiques de l’écosystème digital chinois est essentiel pour les marques qui souhaitent engager efficacement ces audiences diasporiques.

WeChat, le pont digital des diasporas chinoises

Comme beaucoup de Franco-Chinois(e), je navigue en permanence entre deux univers numériques. Sur X et Instagram, je partage des mèmes, tweet mon quotidien et publie des stories. Mais avec ma famille, tout passe par WeChat : discussions de groupe, envoi de photos, appels vidéo et même transferts d’argent à travers les traditionnels hongbao digitaux. Cette différenciation peut sembler étonnante, mais elle révèle beaucoup sur la manière dont certaines communautés utilisent le digital pour rester connectées à travers le monde. Car WeChat, bien plus qu’une simple messagerie, est devenu un véritable pont numérique pour la diaspora chinoise.

De la polyvalence locale à la domination globale

La force de WeChat réside dans sa polyvalence : appels, messages, paiements, services en ligne ou encore partage de photos. L’application fonctionne comme un portail digital interconnecté, donnant accès à tout un écosystème digital chinois de services sans jamais avoir besoin d’en sortir. Grâce à son intégration au sein du groupe Tencent, un simple compte WeChat permet par exemple de créer un profil sur d’autres plateformes du groupe en un clic.

Ecosystème digital chinois WeChat

Derrière Tencent, d’autres géants chinois se partagent le marché. ByteDance mise sur Douyin et TikTok pour dominer le secteur des vidéos courtes à l’échelle mondiale. Baidu, de son côté, conserve une position clé sur le marché chinois grâce à son moteur de recherche, l’équivalent de Google. Chacun de ces acteurs accélère son développement en intégrant l’AI dans ses services afin de rester compétitif. Si TikTok illustre la capacité d’une application chinoise à s’imposer à l’international, WeChat, lui, reste le pilier incontournable de la sphère digitale chinoise, particulièrement pour les usages communautaires et transnationaux.

Ecosystème digital chinois ByteDance
Ecosystème digital chinois ByteDance

Des usages qui transcendent les frontières

Ce phénomène dépasse largement la communauté franco-chinoise. L’usage massif de ces plateformes chinoises par la diaspora génère une communication globale singulière, où tendances, codes culturels, langue et traditions circulent au-delà des frontières. 

Wechat users in 2024

Instagram users in 2024

Chez Digital Insighters, nous nous attachons à comprendre le fonctionnement de ces écosystèmes numériques spécifiques, à identifier les tendances émergentes et à analyser leurs audiences. Notre objectif ? Aider les marques à adapter leurs stratégies pour mieux engager cette clientèle si particulière. Y compris sur les écosystèmes digitaux chinois.

Le clic fatidique : Quand les internautes questionnent le pouvoir pris par les influenceurs

Le clic fatidique : Quand les internautes questionnent le pouvoir pris par les influenceurs

Comment, à partir d’une reprise de musique sur TikTok, une révolte s’est-elle créée ? En quoi, par le seul pouvoir d’une vidéo, un boycott massif s’est-il lancé ? Nous allons décortiquer cette situation ensemble afin de mieux comprendre comment un mouvement anti-célébrités / anti-influenceurs est né et comment les audiences peuvent reprendre le pouvoir en se mobilisant. 

Le commencement du #blockcelebrities

Le 6 mai dernier s’est tenu le Met Gala, un événement prestigieux du monde de la mode. Toutefois, cette année, la cérémonie a engendré de nombreuses polémiques. En effet, des critiques ont visé la vie « décadente et excentrique » des célébrités, en contraste avec le contexte conflictuel actuel dans plusieurs régions du monde. Cependant, ce qui a vraiment enflammé les réseaux sociaux fut une vidéo TikTok de Haley Kalil, créatrice de contenu mode et lifestyle ,connue sous le pseudonyme de Haley Baylee. Dans cette vidéo, prise à l’avant-première du Met Gala, elle porte une robe très excentrique et reprend une musique avec la phrase « Let them eat cake », attribuée à tort à Marie-Antoinette.

Cette vidéo suscite de nombreux questionnements sur le rôle croissant des célébrités et des influenceurs sur nos vies. En effet, la célébrité et l’influence ne sont possibles que par la présence et l’engagement de ses fans et de ses audiences. Que seraient ces influenceurs sans notre participation active ?

La mise en place de la "Digitine"

Suite à cette vidéo de Haley Kalil, plusieurs personnes se sont indignées et ont appelé au boycott. Parmi ces voix, la créatrice de contenu « Lady From the Outside » a publié une vidéo sur TikTok : elle y dénonce l’ignorance et le mépris des célébrités / influenceurs face au conflit israélo-palestinien. Elle leur reproche de ne pas utiliser leur notoriété pour parler des situations critiques à Gaza ou à Rafah. Pourtant, ils accumulent des millions de vues et gagnent de l’argent grâce à leurs abonnés. Dans sa vidéo, Lady From the Outside appelle alors à une « Guillotine Digitale » ou « Digitine ». Elle vise à bloquer les influenceurs qui n’ont pas pris position sur le conflit israélo-palestinien. En le faisant, les abonnés privent ces créateurs de la monétisation de leurs réseaux sociaux.

Dans ce mouvement de révolte, un internaute lance un compte TikTok « Blockout2024 » et avec, le mouvement du même nom. Ce dernier consiste à bloquer les célébrités qui n’utilisent pas leur visibilité pour des causes justes. Il publie quotidiennement des listes de célébrités à bloquer. Plusieurs célébrités très connues ont été ciblés, notamment Kim Kardashian, Selena Gomez et Dwayne « The Rock » Johnson.

En France, le mouvement n’est pas en reste. Sur Instagram, un compte nommé « Blockout2024_France » publie des listes de personnalités publiques à boycotter. Des stars, YouTubeurs, personnalités de télé-réalité et même des footballeurs français sont visés pour leur silence sur la situation à Gaza ou pour leurs collaborations commerciales avec des marques soutenant Israël. Par exemple, le YouTubeur Mister V a été vivement critiqué pour sa collaboration avec KFC.

Publications TikTok avec le #Blockout2024

Audience et relayage du blockout par les réseaux sociaux et la tranmission d'informations par internet haine suite au tiktok let them eat cake

La puissance de l’audience

Cette escalade soulève une question : comment une simple reprise d’une réplique d’un film de 2008 a-t-elle pu déclencher une telle chasse aux sorcières numérique ? La musique utilisée dans le TikTok, « Let’s them eat cake » était déjà populaire et souvent reprise sur la plateforme : plus de 118.7K vidéos issues de cette musique ont été publiées. Mais la reprise de Haley Kalil a rappelé aux internautes le film « Hunger Games »: sous les vidéos du Met Gala, de nombreux internautes ont commenté « from District 12 » soulignant ainsi le fossé entre le statut social des célébrités et celui du reste du monde.

Le mouvement a également pris de l’ampleur grâce à d’autres créateurs de contenu sur les réseaux sociaux. D’après Brooke Erin Duffy, professeur de communication à l’Université Cornell, un mouvement comme « Blockout2024 » montre à quel point de nombreux internautes peuvent travailler ensemble pour influencer la visibilité d’une personnalité publique. « Même si les boycotts menés par les consommateurs ne sont en aucun cas sans précédent, cette dernière itération met en valeur le pouvoir des internautes de redistribuer, voire d’utiliser comme arme, les systèmes des plateformes » dit-elle.

Des tensions croissantes entre les célébrités et les audiences, illustrant le pouvoir pris par les internautes

La controverse autour de la vidéo de Haley Kalil et le mouvement « Blockout2024 » révèlent des tensions croissantes entre le monde des célébrités et la réalité vécue par le grand public. Cet événement montre à quel point les actions et les paroles des influenceurs peuvent provoquer des réactions massives et des mouvements de boycott en ligne. Il souligne également la question de la responsabilité des célébrités et des influenceurs à utiliser leur plateforme pour aborder ou non des questions sociales et politiques importantes. Même le silence est perçu comme une action.

Enfin, cette situation illustre le pouvoir de mobilisation des utilisateurs des réseaux sociaux. Leurs engagements et désengagements peuvent redéfinir les dynamiques de visibilité et d’influence. Le pouvoir des clics et des likes, loin d’être anodin, joue un rôle crucial. Il met en lumière ou marginalise des voix et des causes diverses, définissant ainsi les contours de la célébrité à l’ère numérique.

Dans un tel contexte, la place des marques aux côtés des influenceurs star, visés par un tel boycott pour manque de prise de position sur des causes nobles, soulève des questions.

Quelles problématiques cela pose pour les partenariats de marque ?

Chez Digital Insighters, nous accompagnons nos clients dans la construction de leur stratégie d’influence, et sommes convaincus qu’elle doit être en ligne à la fois avec vos missions et valeurs de marque, et doit adresser la bonne cible.

  • Cela passe d’abord par la compréhension des parties prenantes et celles parfois de situation sensible comme pour le cas Bella Hadid et Dior ou ici avec le Blockout.
  • Les influenceurs doivent avoir des prises de position cohérentes avec vos valeurs de marque, et une ligne éditoriale qui reflète cela : nous évaluons les contenus qu’il publie et investiguons ses prises de position politiques, écologiques, caritatives… grâce à un Audit ESG (Environmental/Social/Governance).
  • S’adresser à l’audience que vous recherchez à travers les créateurs de contenu : nous pouvons identifier les créateurs de contenu pertinents, suivis par vos audiences cibles grâce à l’Audience Intelligence.