Mercredi 13 mai, Nicolas Sarkozy lance une campagne Twitter avec l’objectif de dynamiser sa présence sur les médias sociaux. La campagne s’inspire du format classique question/réponse déjà employé par les stars du web (exemple de Norman ou EnjoyPhoenix). Cette opération promettait un dialogue direct entre l’ancien président de la république et les citoyens français. Sur quatre jours, il y a eu 114 563 tweets contenant le hashtag #NSDirect.
Alors que beaucoup d’articles sont parus au sujet des tweets de trolls à l’encontre de Nicolas Sarkozy et l’approche de son équipe digitale, il était intéressant de se pencher sur l’ensemble des questions destinées à #NSDirect. En effet une grande part des tweets mis en avant par les médias ou les partis politiques n’étaient pas un reflet de cette opération de communication. Nous avons notamment observé que parmi les trolls et les militants UMP, des français sont montés au créneau pour participer à l’opération #NSDirect et poser leurs questions.
L’étude des tweets #NSDIRECT permet de les classer dans plusieurs catégories:
Trolls / lol : la quête du Retweet
#NSDIRECT Si vous deviez vous réincarner en une de ces personnalités, laquelle serait-ce ? #CroisonsLes pic.twitter.com/ryOhGKOmh4
— GuillaumeTC (@GuillaumeTC) May 14, 2015
Dans cette catégorie ce sont majoritairement des tweets recherchant une réaction de la part des internautes plutôt qu’une réponse sérieuse. Nicolas Sarkozy a tout de même répondu à des questions (légères et non-menaçantes) de cette catégorie, une sur l’arrivée de Pogba au PSG et une sur la télévision de son fils.
.@Sarko_Junior Je suis prêt à échanger une plus grande TV contre la suppression de ton addiction à ton ordi. — Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) May 15, 2015
Militants UMP : la recherche du contre-feu
Les militants ont publié deux types de tweets, ceux cherchant à contrer le bruit des trolls et ceux félicitant le président de l’UMP pour son opération.
40000 questions sur #NSDIRECT Malgré les trolls, un exercice réussi a refaire BRAVO monsieur SARKOZY
— sissi nelly (@C8C57) May 15, 2015
Politique : Des questions sur le programme qu’espéraient les équipes de Nicolas Sarkozy ?
Ces tweets interrogent Sarkozy sur son opinion sur la gouvernance actuelle, sur son programme et sa candidature. Les questions se repartissent sur trois categories : securité/immigration, economie/chomage et politique etrangere.
Votre plan pour réduire le chômage & améliorer l’emploi chez les jeunes en France ainsi que leur pouvoir d’achat @NicolasSarkozy ? #NSDIRECT — Akram (@akrvm) May 15, 2015
13% de tweets est une part de voix faible et ne serait pas satisfaisante dans le cadre d’une campagne de marque. C’est tout de même 130 000 questions. Preuve que Twitter peut servir de terrain de communication digitale aux politiciens.
Affaires : Une frustration restée sans réponse.
24% des tweets font références aux affaires en cours (Bettencourt, Khadafi, Bygmalion…) et sont distincts des trolls car ils ne posent pas les questions avec un effet comique ou provocateur. Cette donnée est au minimum un signal pour les prochaines confrontations digitales de Nicolas Sarkozy. Beaucoup d’internautes vont continuer à insister sur ces sujets.
Maintenant que cette question est réglée, un mot sur les affaires Kadhafi, Bygmalion, Bismuth… ? #NSDIRECT #UMP pic.twitter.com/EGTejIlVcB
— Ellen Salvi (@ellensalvi) May 15, 2015
#NSDIRECT Vous avez rencontré 7 fois le juge Courroye pendant l’instruction de l’Affaire Bettencourt, c’était par hasard? — Julien Norpois (@JNorpois) May 14, 2015
Objectif : Atteindre le niveau de la campagne digital d’Obama.
Enfin, il y a un parallèle à établir avec le AMA Reddit de Barack Obama. Cette interview participative sur Reddit avait fait le tour du monde en 2012. D’une part, elle a joué un rôle clé dans la campagne de mobilisation des électeurs démocrates. D’autre part, elle a contribué à l’image d’un président connecté et prêt à investir des territoires de communication nouveaux et risqués. Ce modèle inspire probablement les équipes de campagnes des différents candidats aux présidentielles de 2017.