La vie d’un mème commence souvent de manière spontanée et informelle. Ils naissent de l’imagination des internautes et sont liés à des moments de culture populaire sur Internet. Toutefois, lorsque les marques utilisent ces mèmes, ils subissent parfois une transformation qui leur fait perdre leur esprit initial. Ce passage de l’authenticité à une exploitation commerciale peut vite tourner au ridicule, donnant lieu à des mèmes dénaturés ou surutilisés jusqu’à en devenir insignifiants. Dans cet article nous explorons 3 exemples d’utilisations ratées de mèmes par les marques en 2024.

Un rapport différent à l’utilisation des mèmes par les entreprises en fonction des générations.

Avant tout, il est important de rappeler que les différences générationnelles influencent la perception de l’utilisation des mèmes par les entreprises.

L’étude de Morning Consult Pro rapporte que les Millennials se montrent généralement plus favorables à l’utilisation des mèmes par les marques, avec 44 % d’avis positifs contre seulement 22 % de négatifs. Tandis que la Génération Z affiche une opinion plus partagée sur le sujet. 42 % approuvent cet usage, mais près d’un tiers des répondants disent ne pas être à l’aise avec l’idée que des marques récupèrent des tendances.

Pourquoi ? Principalement parce qu’ils jugent ces démarches souvent inauthentiques ou mal exécutées, révélant une méconnaissance des codes propres aux communautés en ligne.

Utilisation de mème ratée n°1 : Warner Bros

En août 2024, le compte Warner Bros publie une image issue du film Dune 2, accompagné de l’intégration d’un mème populaire, le Stop Fighting Dog. Bien que ce mème ait connu un pic de popularité en juin 2024, son engouement s’était déjà atténué au moment de cette publication.

La réaction des internautes a été unanime. En effet, une avalanche de commentaires moqueurs visant Warner Bros, reprenant généralement ce mème pour fustiger la marque.

De nombreux internautes ont aussi critiqué ce choix de mème, soulignant qu’un personnage emblématique de leurs propres licences d’animation adopte une pose similaire.
Utiliser cette référence interne aurait semblé plus naturel et cohérent.

You OWN Smiling Friends. You can use the ACTUAL DNA egg gremlin. How did you botch this so badly when it was so EASY?

YOU. OWN. SMILING. FRIENDS!!!!!

im 99% sure they dont even know that this meme comes from a show they literally own

Utilisation de mème ratée n°2 : Spotify

En octobre 2024, le mème  « Position of the Day » apparait. Popularisé par la page « SexPositions.Club », il partage des positions sexuelles quotidiennes à essayer avec un partenaire. Ce format, largement détourné avec des variantes absurdes ou humoristiques, a été repris par Spotify.

Cependant, la réaction des internautes a été partagée. Si certains ont trouvé la reprise amusante, une partie plus vocale a critiqué la marque pour cet usage qui semble sortir de nulle part.
Ils estiment que la marque se réapproprie une tendance, en forçant le lien entre le mème et l’identité de la plateforme.

joke ruined

thats it you guys, a brand has come in. its game over

threw up

Utilisation de mème ratée n°3 : Disney+ France

L’exécution la plus maladroite de l’année pourrait être attribuée au compte Disney+ France dans sa tentative de surfer sur le mème I, Robot. Ce dernier exprime un visage sans aucune émotion, sans énergie, que l’on retrouve abondamment dans des édits sur X et TikTok.

Cependant, l’exécution est désastreuse. Disney, propriétaire du film I, Robot, a tenté de s’approprier maladroitement ce mème dans une démarche promotionnelle.  Ce qui a surtout choqué, c’est l’ajout d’une mention revendiquant la propriété de l’image, créant ainsi une rupture totale avec le ton informel et décalé du mème original. Au lieu de susciter l’amusement ou l’adhésion, cette tentative a renforcé la perception d’une entreprise distante et déconnectée des attentes des utilisateurs en ligne.

Au final, la publication de Disney a attiré l’attention des influenceurs et suscité de nombreuses réactions en ligne. Le post de Disney lui a été vue près de 7 millions de vues, mais n’a récolté que 755 likes…

En conclusion, que retenir de ces exemples d’utilisations de mème ratées de la part des marques ?

Les erreurs d’intégration de mèmes peuvent sérieusement affecter la perception des internautes. Bien qu’une grande partie d’entre eux attendent des marques qu’elles réagissent aux tendances, il est nécessaire d’agir avec discernement. Publier un mème pour sembler « à la page » ne suffit pas. Il faut comprendre le mème et qu’il intègre naturellement dans la stratégie de la marque. En outre, imiter les comportements des internautes sans comprendre les mèmes, entraînera un rejet et désintérêt, les poussant ainsi à se tourner vers de nouveaux mèmes.

Charles Guyard